Tudchentil

Les sources sur les gentilshommes bretons

L'histoire de Keroulas

Du Moyen Âge à nos jours

Par la famille de Keroulas.

Depuis le Moyen-Âge, le berceau de la famille de Keroulas se trouve au manoir de Keroulas à Brélès, en Pays de Léon. Plus de 6 siècles et près de 20 générations plus tard, cette belle demeure du XVIIe siècle est toujours la résidence de descendants de la famille.

Le manoir de Keroulas conserve de précieuses archives dont les plus anciennes datent de la fin des années 1300. Elles ont permis de remonter aux périodes les plus reculées de l’histoire familiale.

Le nom de famille de Keroulas s’est éteint en Pays de Léon au XVIIIe siècle. Les Keroulas d’aujourd’hui descendent de Ronan Mathurin de Keroulas (1730-1810) qui s’installe vers 1764 au manoir de Tal ar Roz au Juch près de Douarnenez. Sa nombreuse postérité estimée à plus de 5.000 personnes a surtout essaimé au Juch et dans les communes environnantes.

Ce beau livre illustré, travail collectif de plusieurs enfants de la famille, vous invite à plonger dans la destinée des Keroulas, à suivre son évolution au fil des siècles et à découvrir de nombreux épisodes parfois très surprenants.

Le livre est en vente chez l’éditeur aux éditions Récits au prix de 35 €.

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La Roche-Jagu en Ploëzal, édifié en 1405 par Catherine de Troguindy après autorisation du duc Jean V.
Photo A. de la Pinsonnais (2009).

18 chevaliers bretons à un tournoi en 1238

Mercredi 21 mai 2008, par Hervé Torchet.

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Hervé Torchet, 18 chevaliers bretons à un tournoi en 1238, 2008, en ligne sur Tudchentil.org, consulté le 11 octobre 2024,
www.tudchentil.org/spip.php?article508.

C’est dans la "Revue nobiliaire, historique et biographique", en 1866, que le célèbre héraldiste belge Goethals a donné une curieuse étude sur le tournoi donné à Cambrai en 1238 à l’occasion d’une querelle de droit féodal plutôt byzantine, d’ailleurs, et sans rapport avec notre sujet (la revue en question peut être téléchargée de la base Gallica de la Bibliothèque Nationale de France). En 1866, il donna la liste des chevaliers artésiens comparaissant au tournoi, accompagnée des armoiries de chacun des impétrants. Autant dire immédiatement qu’il ne prend pas la peine de citer sa source, qu’il cite comme si chacun la connaissait.

Excités sans doute par cet alléchant préambule, les nobles issus d’autres régions que l’Artois réclamèrent leur part du gâteau de Cambrai, si j’ose dire.

En 1867, Goethals s’exécuta donc, notamment pour la Bretagne.

Alexandre Couffon de Kerdellec’h, rédigeant ses "Recherches sur l’ancienne chevalerie de Bretagne", tomba sur cette publication qui avait l’inconvénient à la fois contrariant et encourageant de se présenter apparemment brute de toute interprétation. Il reprit donc les dix-huit noms et les traduisit en majorité. Le résultat n’était pas si mal.

Et cependant, il me paraît utile de donner une nouvelle version de la liste, encore plus précise, et augmentée de commentaires.

1 Le sire de Lohéac portait un écu de vair. (Jusque-là, pas de souci).

2 Le seigneur de Diernal portait d’argent à deux fasces de gueules, brisé d’un canton de gueules à dextre et en chef. (À juste titre, Kerdellec’h voit là un Derval).

3 Aubert Le Sénéchal portait un écu d’or au chef de gueules, à deux pals vairés. (Kerdellec’h s’interroge car il ne voit aucune maison Le Sénéchal portant ce genre d’écu, mais il s’agit évidemment des Le Sénéchal dits plus tard de Carcado, anciens sénéchaux de Porhoet, ou même de Penthièvre, ou même de Bretagne, que les Rohan, quoique cadets sur eux en lignage, mais plus puissants, vont s’employer durant plusieurs décennies à faire rentrer dans le rang de leurs juveigneurs, ils y parviendront du reste et Le Sénéchal adoptera les mâcles d’or sur champ d’azur qu’on leur connaît ; de toute évidence, les deux pals sont une brisure de juveigneurie et ce qui exprime leur référence lignagère, c’est d’or au chef de gueules, à rapprocher d’Avaugour, issu de Penthièvre aussi : d’argent au chef de gueules ; enfin, le prénom Aubert me semble une erreur de lecture française d’époque, le Le Sénéchal vivant alors se prénommait Olivier, qui aurait été déformé en Aubert, ce qui ne m’étonnerait pas, quoiqu’il y ait d’autres Olivier dans la liste).

4 Guys de Mathefélon portait d’or à six chevrons de gueules au lambel d’argent à trois pendants en chef.

5 Henry Dorrays portait de gueules à deux pals de vair, au chef d’or chargé d’un lambel d’azur à cinq pendants. (Kerdellec’h suppute que ce soit un d’Auray ; en tout cas, il est évident que ses armes sont une référence à celles d’Aubert Le Sénéchal, dont il serait le frère ou le fils).

6 Aimery Bières portait un écu d’or au lion de gueules, armé, lampassé et couronné d’azur, à la bordure de sable chargée de besants d’argent. (Kerdellec’h donne sa langue au chat, difficile d’en dire plus, sinon que l’on croit reconnaître un ramage de Pont-l’Abbé).

7 Olivier de Rongy portait de gueules à la croix d’argent. (Kerdellec’h voit bien là Rougé).

8 Olivier de Montauban portait un écu de gueules à dix mâcles d’or en pal, brisé d’un lambel d’argent à trois pendants en chef.

9 Helvins de Balains portait de vair au croissant de gueules. (K a raison : Hervé de Blain).

10 Guillaume le Nuz portait d’azur à un besant d’or. (Kerdellec’h s’interroge et il n’y a que deux possibilités : soit il s’agit de Guillaume de Rieux, que l’on donne en général sous le nom de Gilles de Rieux, croisé en 1248, soit il s’agit de la maison Nuz à la frontière du Léon et du Poher, dont une branche portera plus tard une épée d’argent sur champ d’azur ; ma préférence va à Rieux).

11 Rolland de Dinan portait un écu de gueules à fasce de trois fuseaux d’hermines entiers et deux demis, accompagnés en chef de quatre besants d’hermines et en point de trois besants du mêmes 2.1, brisé en chef d’un lambel d’azur à trois pendants. (Si l’on doit blasonner mieux, on dira de gueules à la fasce d’hermines accompagnée de sept tourteaux du même 4.3, où 3 sera présenté 2.1 à cette époque ; ce sont les armes de la branche de Montafilant, mais il s’agit sans doute non de l’aîné, mais de son fils).

12 Pierre de Tournemine portait un écu écartelé d’or et d’azur.

13 Godefroy de Chastel-Bruant portait de gueules au chef d’argent. (On voit bien Châteaubriand, mais Kerdellec’h se lance dans une étude sans raison, car les armes qu’il porte sont une évidente référence à Avaugour ou à Penthièvre, sans doute la trace d’une alliance, et non les armes de Châteaubroand même).

14 Helvins de Léons portait d’argent au lion de sable, armé et lampassé de gueules. (la branche cadette de Léon, ici Hervé de Léon, ne portait donc pas encore le champ d’or sous son lion de sable qui n’était pas encore morné ; il se trouve que Cambrai est dans le périmètre du comte de Flandre et c’est peut-être à cette occasion que celui-ci a concédé que le lion de sable de Léon fût sur champ d’or, comme celui de Flandre, mais à condition qu’il serait morné ?).

15 Payes de Malestraus portait un écu de gueules à douze tourteaux d’or mis en pal. (Malestroit avec non moins de douze besants d’or - et non tourteaux -, c’est de la gourmandise).

16 Guys de la Roche portait d’or à l’aigle de sable. (La Roche-Bernard)

17 Jehan Boterians portait d’argent au chef de gueules chargé d’un lambel à cinq pendants d’argent. (Kerdellec’h perd ici complètement son latin et je ne sais même plus qui il invente, alors qu’il est évident que ce Boterians est un Boterel).

18 Henry de Nancoue portait d’argent au chef de gueules chargé d’une demi-poire d’or. (Décidément fâché avec les Penthièvre, Kerdellec’h s’égare encore, alors qu’il s’agit manifestement d’Henri d’Avaugour et j’avoue qu’étant donné qu’il a été traité comme une poire par Mauclerc, je trouve assez piquant qu’il porte cette énigmatique demi-poire en chef ; par ailleurs, on peut se demander pourquoi il passe après un Boterel, lui qui est supposé être chef de nom et d’armes ; trace de sa disgrâce ?).

Voilà, pour être complet, j’ajoute que parmi les Artésiens figurait un "Robert de Bretagne" sur lequel Goethals a séché et qui n’est autre que Robert de Beaumer alias Beaumez (en Artois justement), seigneur de Guéméné-Guégant en Bretagne, et qui portait, selon cet armorial, de sable à la croix endenchée d’or.

Les habitués de mes modestes textes ne manqueront pas de se reporter à la note que j’ai faite sur les témoins de la fondation de Saint-Aubin du Cormier (en 1225, treize ans avant ce tournoi) et l’ost ducal de 1294, pour comparer les listes, où ils trouveront plus d’une similitudes.

Les blasonnements ne me semblent pas être d’époque, mais donnent l’impression de décrire des dessins laissés par un héraut d’armes qui, lui, aurait pu travailler au XIIIe siècle - et qui n’avait pas l’oreille bretonne. Dans l’ensemble, ce document paraît pouvoir être utilisé avec une prudence raisonnable.