Les Bretons compagnons de guerre du Connétable de Richemont (1/2)
Vendredi 21 mars 2003, texte saisi par
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Extrait de la Revue Morbihannaise, par Julien-Toussaint-Marie Trévédy, publié vers 1900.Citer cet article
Extrait de la Revue Morbihannaise, par Julien-Toussaint-Marie Trévédy, publié vers 1900, 2003, en ligne sur Tudchentil.org, consulté le 8 novembre 2024,www.tudchentil.org/spip.php?article70.
Avertissement : le présent texte à été saisie par Norbert Bernard dans le cadre du site Tudchentil à partir d’une réédition de l’article original. En effet, en 1909, le chanoine Paul Peyron en commande une réédition aux éditions Lafolye frère, à Vannes. Depuis 1905, le dit chanoine a fait rééditer pour les rassembler la majorité des articles de M Trévédy, pour les réunir en recueils, lesquels recueils sont aujourd’hui conservés aux archives de l’évêché de Quimper.
Sans être certain que la réédition de 1909 respectait exactement la mise en page du texte original nous avons souhaité conserver trace de la mise en page de cette réédition. Pour ce faire la numérotation de page est reportée entre crochets [] pour le texte principal et en note signalée par une double barre oblique //.
De ces deux rééditions peuvent résulter des altération du texte [1]. Nous reconnaissons une quantité minime de modification volontaire, notamment certaines erreurs antérieures ont été conservées et se sont vue accolée un [sic]. Certaines de ces erreurs, notamment en dernière page, nous semblent être probablement le fait des éd. Lafolye en 1909. Cependant nous avons également pu y ajouter de nouvelles erreurs. Nous invitons donc tout utilisateur voulant reproduire ce texte à essayer de se procurer l’édition originale, de la Revue Morbihannaise, ou de la réédition de 1909.
[p. 1] Le meurtre du duc de Bourgogne Jean-sans-Peur (19 septembre 1419) fut plus fatal à la France que n’aurait été la perte d’une grande bataille. Cet événement aliéna. au dauphin ses deux beaux-frères, les plus puissants seigneurs de France, Philippe-le-Bon, duc de Bourgogne, époux de Michelle, et Jean V, duc de Bretagne, époux de Jeanne de France.
En Bourgogne, on accusa très hautement mais injustement le dauphin de guet-apens ; et Philippe, outré de colère, se jeta dans les bras des Anglais. Sans accueillir cette accusation, Jean V jugeant la cause du dauphin perdue, se dispensa par prudence de lui envoyer un secours promis. Or, au lieu d’amadouer le duc avec l’aide de Jeanne de France, le dauphin prétendit s’en venger.
À dix-sept ans, le dauphin avait besoin de conseils : et par malheur ses conseillers intimes étaient des partisans des Blois-Penthièvre, comme Louvet, dit souvent le président de Provence, et Guillaume d’Avaugour, bailli de Touraine, qui était leur parent [2]. Excité par [p. 2] eux, le dauphin encouragea les ambitieux ressentiments des Penthièvre ; et, quand ceux-ci eurent traîtreusement arrêté le duc Jean V et son frère Richard, le dauphin, applaudissant à leur félonie, prit hautement la responsabilité de cette violence (12 février 1420).
Or ces conseillers, “ adhérents des Penthièvre ” et à ce titre odieux à Jean V, sont odieux à Philippe de Bourgogne qui voit en eux les meurtriers de son père ; pendant des années, l’obstacle à la paix entre le dauphin et les deux ducs sera l’obstination du dauphin puis du roi Charles VII à garder Louvet et autres à la cour.
Le duc de Bourgogne négocie le traité de Troyes (21 mai 1420) qui reconnaît pour héritier de la couronne le roi Henri V devenu gendre de Charles VI. La duchesse Jeanne de France rapproche son mari de son frère ; et le duc désavoue le traité de Troyes en même temps que le dauphin désavoue la félonie des Penthièvre (Traité de Sablé, 8 mai 1421). Mais le dauphin a promis solennellement de renvoyer “ les adhérent des Penthièvre ” ; il manque à sa promesse ; Jean V poussé à bout, revient au traité de Troyes. Après de longues hésitations, malgré les prières de la duchesse, il le signera, le 8 octobre 1422.
À cette date, Henri V est mort, le 31 août précédent ; Charles VI va mourir, le 21 octobre ; le 11 novembre Henri VI, enfant de sept mois, roi d’Angleterre, est solennellement à Paris proclamé roi de France ; et le dauphin, Charles VII, prend son titre de roi de France au château de Mehun-sur-Yèvre.
À ce moment, tout semble désespéré ; mais la situation va changer.
La mort de Henri V a rendu la liberté au comte de Richemont. Sa cousine Marguerite de Bourgogne, sœur du duc Philippe, veuve du dauphin duc de Guyenne, n’aurait jamais consenti à épouser “ le prisonnier du [p. 3] roi d’Angleterre ” ; mais elle accorde sa main à Richemont libre enfin (10 octobre 1423). Cette union qui comble les vœux de Richemont aura pour la France les plus heureux résultats : Mme de Guyenne et Yolande d’Anjou, reine de Sicile, belle-mère de Charles VII, ont entrepris de ramener le duc de Bourgogne au roi, avec l’appui du duc de Bretagne et du comte de Savoie. Mais la reine de Sicile a besoin d’un Intermédiaire : elle choisit Richemont, cousin, ami, beau-frère du duc de Bourgogne, frère du duc de Bretagne, neveu du comte de Savoie. Le choix est heureux, le comte de Richemont est un homme de guerre doublé d’un avisé diplomate.
Ces négociations se poursuivent activement en Bourgogne, en Savoie, en Bretagne, à la cour de France.
Le 17 août 1424, le comte de Buchan, connétable de France, est vaincu et tué à la funeste journée de Verneuil. La reine de Sicile prétend obtenir pour Richemont l’épée de connétable ; mais, avant que le roi puisse proposer cette dignité au duc de Bretagne pour son frère, il faut que Richemont vienne saluer le roi. Le moment n’est pas propice ; Jean V vient d’apprendre qu’il y a deux ans Jean de Penthièvre, seigneur de Laigle, est entré en Bretagne avec une troupe armée, non pour arrêter le duc, comme son frère aîné Olivier avait fait en 1420 ; mais pour l’assassiner. En autorisant son frère à passer en France, Jean V ne va-t-il pas l’exposer à quelque danger ? Il hésite et les États consultés par lui déconseillent ce voyage. Mais la reine de Sicile elle-même vient en Bretagne, elle détermine Jean V ; des sûretés sont données au duc ; et le voyage de Richemont est enfin résolu. Le roi recevra le futur connétable à Angers. [p. 4]
* * *
À propos de ce voyage, il existe une curieuse pièce aux archives de la Loire-Inférieure (Chambre Comptes de Bretagne). Cette pièce se divise en deux parties distinctes. La première est la liste des officiers accompagnant le comte de Richemont à Angers ; la seconde est l’ordonnance signée de lui fixant les “ gages ”, gratifications ou indemnités qu’il accorde à chacun de ces officiers à raison du voyage.
La première partie (la liste) a été publiée par D. Lobineau (Preuves, col. 998) et par D. Morice, (Preuves, col. 1147). Ils ont omis la seconde partie ; mais elle a été publiée par M. Cosneau dans sa belle histoire du Connétable de Richemont [3].
L’ordonnance ou mandement de Richemont indique le nombre de 200 officiers. La liste des bénédictins n’en nomme que 195. Cette omission importe peu ; mais voici une observation qui a plus d’intérêt.
La liste publiée par les bénédictins se compose, on peut le dire,. de quinze listes partielles ajoutées les unes aux autres : chacune fait connaître la composition d’une compagnie, d’une chambre, comme on disait alors, d’une escouade comme nous dirions aujourd’hui, placée sous les ordres d’un chef nommé en tête. C’est ce qu’expriment ces mots : Gens de l’hostel de Monseigneur de Richemont... et ensuite Gens à. Monseigneur de Montauban, etc. Et toutes les listes partielles finissent par une ligne intitulée Somme et indiquant le nombre des bannerets, chevaliers-bacheliers, chevaliers, et écuyers composant la compagnie.
Le mandement de Richemont donne ce compte : [p. 5]
“ neuf bannerets [4], douze chevaliers, huit vingt dix et neuf (179) écuyers. ” Total 200 officiers.
Les compagnies sont très inégalement composées : le nombre des hommes varie de 36 à 3. Les chefs sont inégaux en dignité : 7 compagnies sont commandées par des bannerets ; 2 par des bacheliers ; cinq par des chevaliers ; une seule par un écuyer. Seule la compagnie du sire de Montauban, qui n’est pas la plus nombreuse, comprend deux chevaliers sous un banneret.
La seconde partie de la pièce (le mandement publié par M. Cosneau), indique les sommes allouées par le comte de Richemont aux 200 officiers qui le suivront.
Richemont fait un traitement particulier et de faveur aux chefs des “ gens de son hôtel ”.
Leur chef, le sire de Beaumanoir, banneret, reçoit 50 écus d’or, autrement 62 livres et demie [5] ; le sire de Chevery, chevalier, qui commande en second, reçoit 50 livres monnaie [6]. Les six bannerets chefs d’autres compagnies recevront la somme uniforme de 60 livres, les chevaliers 30 livres et les écuyers 15. Mais Richemont traite comme bannerets les deux bacheliers [p. 6] (l’amiral de Penhouet et Jehan de Saint-Gilles, sire de Betton. D’autre part deux écuyers Roland Madeuc, depuis Guémadeuc, et Philibert de Vaudray sont comptés par lui comme chevaliers [7].
En sorte qu’au point de vue des gages, comme on disait alors, ou gratifications, il y a lieu de porter à 8 (comme fait Richemont) le nombre des bannerets non compris Beaumanoir, et d’augmenter de 2 le nombre des chevaliers (14 au lieu de 12) en diminuant d’autant le nombre des écuyers (177 au lieu de 179).
Selon les appréciations de Le Ber [sic] étab1ies pour 1845, et un peu faibles après soixante ans, une livre de la 1ère moitié du XVe siècle vaut 41,25 de notre monnaie. Cela posé, voici le compte des gratifications fixées par le mandement.
À Beaumanoir, 62 1ivres et demie | 2 557 | fr |
Au sire de Chévery, 50 livres | 2 062 | de |
À chaque banneret, 60 £ = 2475 fr. à 8. | 19 800 | nos |
À chaque chevalier, 30 £ = 1237 fr. à 14 | 17 318 | jours |
À chaque écuyer, 15 £= 18 fr. à 177. | 109 386 | |
Total en monnaie actuelle | 151 123 fr. |
Comme on le voit, ce voyage qui durera quelques jours, coûtait cher au comte de Richemont ; mais Jean V devait tenir à tout cet apparat : la preuve c’est qu’il veut que quatre des plus grands officiers du duché, le maréchal, l’amiral, le grand chambellan, le président de Bretagne accompagnent son frère.
Et, ce n’est pas tout : Richemont fut suivi par d’autres et non des moindres, qui ne figurent pas sur la liste ; mais dont nous trouvons les noms ailleurs. [p. 7]
Le Baud donne ainsi la liste des principaux compagnons de Richemont à ce voyage d’Angers [8].
“ Le sire de Montauban, le sire de Beaumanoir, le sire de Rostellan (lisez Rostrenen), le comte de Porhoët, beau-frère de Richemont, le sire de Laval encore jeune, le sire de Châteaubriant, le sire de Malestroit, le vicomte de la Bellière. ”
Les trois premiers seuls figurent sur la liste avec les mêmes titres, le sixième (sire de Châteaubriant) est compris dans la liste sous le titre de vicomte de Dinan [9]. Le Baud n’ajoute donc que quatre noms à la liste.
Mais, quelques lignes plus bas, il nous montre un autre personnage accompagnant le comte de Richemont : c’est Pierre de l’Hospital, président et juge universel de Bretagne. Depuis plus de vingt ans, il siège aux États “ en habit royal ”, c’est-à-dire en robe de pourpre, tenant la première place après le duc, avant le maréchal et l’amiral de Bretagne. Il occupera encore cette situation éminente pendant près de vingt années ; et c’est lui qui, en 1440, condamnera au feu Gilles de Laval-Retz “ tout maréchal de France qu’il fût ” [10].
Ainsi se complète cette liste. Le tableau qui suit donne un résumé exact des quinze listes partielles qui la composent. J’ai mis à la suite les quatre noms donnés par Le Baud [11]. [p. 8]
* * *
Voiage du comte de Richemont à Angers
“ Les nombres des gens que Monseigneur le comte de Richemont a menez avec lui en cest son present voiage d’Angiers par devers le Roy. Par lettres dudit comte de Richemont et d’Ivry [12]. À Nantes, le VIe octobre MCCCCXXIV.
1. Les gens de l’hostel du comte de Richemont.
Le sire de Beaumanoir, banneret.
Mire Jehan de Chévery, chevalier.
Somme : 1 banneret, 1 chevalier, 31 écuyers.
2. Gens de Mgr de Montauban.
Le sire de Montauban, banneret.
Jehan Giffart, chevalier.
Mire Auffray Ferron, chevalier.
Somme : 1 banneret, 2 chevaliers, 15 écuyers.
3. Gens du vicomte de Dinan.
Le vicomte de Dinan, banneret.
Somme : 1 banneret, et 16 écuyers.
4. Gens au sire de Châteaugiron, (grand chambellan).
Le sire de Châteaugiron, banneret.
Somme : 1 banneret et 5 écuyers. [p. 9]
5. Gens de Bertrand de Dinan, (maréchal de Bretagne).
Bertrand de Dinan, banneret,
Jacques Bonenfant, chevalier.
Somme : 1 banneret 1 chevalier, et 34 écuyers.
6. Gens de Robert de Montauban.
Mire Robert. banneret.
Somme : 1 banneret et 8 écuyers.
7. Gens du sire de Rostrenen.
Le sire de Rostrenen, banneret.
Henri du Chastel, chevalier.
Somme : 1 banneret,1 chevalier et 5 écuyers.
8. Les gens de Mire Jehan du Penhouet, (amiral).
Le dit amiral, bachelier.
Somme : 1 bachelier et 5 écuyers.
9. Gens au sire de Betton.
Le sire de Betton, bachelier.
Somme : 1 bachelier et 5 écuyers.
10. Gens du sire de la Feillée.
Le sire de la Feillée, chevalier.
Somme : 1 chevalier et 6 écuyers.
11. Gens de Guillaume de Broon [13].
Guillaume de Broon, chevalier.
Somme : 1 chevalier et 5 écuyers.
12. Gens de Jehan de la Chapelle.
Jehan de la Chapelle, chevalier.
Somme : 1 chevalier et 25 écuyers.
13. Les gens du sire de Trémédern.
Le sire de Trémédern, chevalier.
Somme : 1 chevalier et 6 écuyers. [p. 10]
14. Gens de Rolland de St-Pou [14].
Rolland de St-Pou, chevalier.
Rolland Madeuc (pour) un chevalier.
Somme : 2 chevaliers et 4 écuyers.
15. Gens de Geffroy de Texue.
Somme : 3 écuyers.
“ Somme toute (totale) : IX bannerets – XII chevaliers etc. ”
– Au lieu de etc. écrivons 179 écuyers.
Ajoutons, d’après Le Baud :
Le comte de Porhoet,
Le sire de Laval,
Le sire de Malestroit,
Le vicomte de la Bellière.
Une observation : plusieurs des officiers sont désignés par les titres de leurs seigneuries non par leurs noms de famille. Quelquefois même, ils sont nommés tantôt par le titre d’une seigneurie, tantôt par celui d’une autre. Dans ces conditions, pour prévenir toute confusion il importe de faire connaître les noms de famille.
Deux exemples démontreront l’utilité de ces indications. Le premier nommé est le sire de Beaumanoir ; or il n’est pas un Beaumanoir, c’est un Dinan. La liste de 1424 mentionne le vicomte de Dinan ; nous avons vu Le Baud nommer à la même date le sire de Châteaubriant ; c’est le même personnage. C’est un Dinan, frère de celui appelé plus haut sire de Beaumanoir.
Toutefois ce travail, fait pour toute la liste mènerait trop loin ; je ne le ferai que pour les chefs des quinze [p. 11] compagnies et les quatre seigneurs nommés par Le Baud. Voici quelques indications [15].
1° Le sire de Beaumanoir. Ce n’est pas un Beaumanoir, c’est Jacques de Dinan, 5e fils de Charles de Dinan et de Jeanne de Beaumanoir, fille du maréchal de Bretagne, chef des Trente, et héritière de ses deux frères. Jacques devint grand bouteillier [sic] de France (1427) et seigneur de Dinan-Montafilant en 1429. Il fut père de Françoise de Dinan, unique héritière de la maison. Il mourut le 30 avril 1444.
2° Le sire de Montauban est Guillaume, père de 1° Jean, maréchal de Bretagne, puis grand-maître des eaux et forêts, enfin amiral de France, sous Louis XI. – 2° Arthur , rival de Gilles de Bretagne, auteur de sa mort, puis cordelier, et, par la grâce de Louis XI, archevêque de Bordeaux [16]. – Guillaume meurt en 1432 et est inhumé aux Carmes de Dol.
3° Le vicomte de Dinan, en même temps sire de Châteaubriant, est Robert de Dinan, 3e fils de Charles (voir n° 1) héritier de son frère Rolland V en 1419 ; il mourra en 1429 ; et la vicomté passera à son frère Jacques, nommé plus haut.
4° Le sire de Châteaugiron est Patry IIIe du nom, petit-fils et fils de Patry et de Armel l’un après l’autre maréchaux de Bretagne, grand chambellan héréditaire. Il périra au combat des Bas-Courtils ; sur la grève du Mont-Saint-Michel (1427). [p. 12]
5° Bertrand de Dinan, seigneur des Huguetières, 4e fils de Charles de Dinan, maréchal de Bretagne (1418), mort le 21 mai 1444, un mois après son frère puîné Jacques, laissant la fille de Jacques, Françoise de Dinan, unique héritière.
6° Robert de Montauban, probablement frère puîné de Guillaume (ci-dessus n° 2) et seigneur du Bois-de-la-Roche (cne de Néant, con de Mauron, Ploërmel).
7° Le sire de Rostrenen, Pierre VIII, plus tard lieutenant du connétable, mort à Paris dont il était gouverneur en l’absence du connétable, le 13 août 1440 [17], laissant sa fille Marguerite mariée à Jean II de Pont-l’Abbé.
8° L’amiral de Penhouet, Jean, fils de Guillaume, dit le Boiteux, capitaine de Rennes qu’il défendit contre Lancastre en 1356. Jean V traitait l’amiral en ami : il le pris pour compagnon de route lorsque en l’automne de 1419, il fit à pied le Tro-Breiz, (tour de Bretagne) ou pèlerinage des Sept-Saints. (Lobineau, Hist., p. 538).
9° Le sire de Betton, Jean de Saint-Gilles… Il est dit “ grand maître et gouverneur des œuvres requises pour clore et fortifier la ville de Rennes. ” (Lettre de Jean V, 12 juillet 1424).
10° Sire de la Feillée. Cette maison, paroisse de Goven près Rennes, est une pépinière de chevalier au nombre desquels : 1° Olivier, seigneur de la Ribaudière, prisonnier à Azincourt et compagnon de captivité de Richemont puis un des écuyers du connétable (Gruel cité par M. de Couffon, II. 358). Il meurt en 1450. Son [p. 13] fils Charles chevalier, épouse Bonne de Saint-Gilles, dame de Betton (ci-dessus n° 9). (M. de Couffon II. 398). – 2° Alain, sieur de la Courbe, mort le 21 octobre 1443, que nous trouverons à Patay.
11° Trois Broons dont deux Guillaume et Jean semblent frères. Le premier est chevalier, le second sera armé au siège de Montereau (1437) par le connétable. (M. de Couffon, I. p. 534).
12° Jehan de la Chapelle, capitaine de Jugon en 1420, chevalier et chambellan de Jean V. (M. de Couffon, II, p. 370).
13° Sire de Tremedern, (Guimaëc, canton de Lanmeur, arrondissement de Morlaix). Robert, chevalier, est mentionné (1er mars 1415) dans la compagnie de Tanneguy du Chastel, prévôt de Paris.
14° Rolland de St-Pou, qui en 1431, deviendra grand-maître de l’artillerie de Bretagne. Chambellan de Jean V et investi de son intime confiance, il est envoyé par le duc en Italie (1430) pour “ traiter du mariage du comte de Savoie avec une fille du duc, entretenir le pape, et au retour se concerter avec le roi de Sicile concernant, son mariage avec Isabeau de Bretagne. ” (Actes de Jean V, n°1894, p 270.)
15° Geffroy de Texue, écuyer avec deux écuyers de son nom. Texue ; seigneurie, paroisse de Pacé près de Rennes. M. de Couffon signale deux chevaliers de ce nom : Noë1, chambellan de François II (1471) ; et Gilles, capitaine de Brest (1498) et un des 50 de la garde de la reine Anne (II. p. 412 et 441.)
Passons aux seigneurs indiqués par Le Baud. Nous connaissons le sire de Châteaubriand qui n’est autre que le vicomte de Dinan nommé plus haut (n° 3). [p. 14]
16° Le comte de Porhoët beau-frère de Richemont est Alain, fils aîné d’Alain VIII, vicomte de Rohan et de Béatrix de Clisson ; il a épousé Marguerite de Bretagne, fille de Jean IV ; il sera le vicomte Alain IX.
17° Le sire de .Malestroit est Geffroy de Châteaugiron dit de Malestroit, en même temps sire de Combourg : fils de Geffroy tué à Azincourt ; lui-même a été fait prisonnier à Verneuil (1424). De son mariage avec Valence de Châteaugiron ,dame de Derval, il eut : 1° Jean sire Châteaugiron et Derval, grand chambellan qui épousa Hélène fille de Guy XIV de Laval et d’Isabelle de Bretagne, baron de Derval en 1451. – 2° Gilette, dame de Malestroit, mariée à Jean de Raguenel, vicomte de la Bellière, maréchal de Bretagne (1447) et baron de Malestroit (1451) [18].
18° Le vicomte de la Bellière se nomme Jean de Raguenel. Son aïeul de même nom était frère de Typhaine première femme de du Guesclin. Il a été tué à Auray (1364) combattant auprès de son beau-frère. Son fils de même nom, compagnon de du Guesclin en Espagne, (1366) a été tué à Azincourt. Lui-même sera fait prisonnier au combat des Bas-Courtils (1427). Peu après il meurt sans hoirs et la vicomté passe à son frère de même nom, que nous avons dit maréchal de Bretagne (1447) et baron de Malestroit (1451) (ci-dessus n° 17).
19° Le sire de Laval est Guy, second enfant de Jean de Montfort-La-Cane, dit Guy XIII de Laval, et d’Anne de Laval, fille de Guy XII et de Jeanne de Laval-Châtillon, veuve de du Guesclin. Guy est dit par anticipation sire de Laval, il n’est encore qu’héritier présomptif. Sa mère possédera jusqu’en 1466 la seigneurie érigée en [p. 15] comté, le 17 juillet 1429. C’est au titre d’héritier de Laval, que Guy est souvent dit sire du Gavre. En 1421, il était à la cour comme fiancé de Marguerite de Bretagne. Celle-ci meurt très jeune, et Guy épouse Isabelle, sa sœur aînée (1430) .
Il serait surprenant que Guy de Laval ne fût pas accompagné de son frère cadet, André, seigneur de Lohéac. Il s’est rendu presque célèbre quand il avait environ quinze ans, au combat de la Broussinière (26 septembre 1423), où il gagnait vaillamment ses éperons. Le comte d’Aumale commandant la petite armée française l’armait chevalier sur le champ de bataille ; et sa grand’mère, Jeanne de Laval, pleurant de joie en voyant son petit-fils revenant chevalier lui ceignait une épée de du Guesclin. – Comment le jeune chevalier ayant alors environ seize ans n’aurait-il pas accompagné son frère et Richemont, cousin issu de germain de sa mère la dame de Laval [19].
* * *
Le mandement de Richemont est daté de Nantes, le 6 octobre ; le lendemain, à Nantes, Richemont signe un autre acte [20]. Il arrivera à Angers, le 20, d’assez bonne [p. 16] heure dans la journée. La date de l’arrivée permet de fixer le départ de Nantes au 15 octobre au plus tôt [21].
L’entrée de Richemont à Angers fut presque triomphale. Le roi était arrivé dès le 16 octobre et s’était logé à l’abbaye de Saint-Aubin. “ Plusieurs grands seigneurs de sa suite sortirent de la ville à la rencontre de Richemont et le conduisirent jusqu’à l’abbaye. ” Le cortège dut prendre la rue qui aujourd’hui rajeunie garde son vieux nom de rue Baudrière ; et les bourgeois de cette voie populeuse s’émerveillèrent en voyant passer un cadet de Bretagne accompagné du président, du grand chambellan, de l’amiral, du maréchal, de onze bannerets de Bretagne, et suivi de treize chevaliers et d’une troupe d’écuyers ; il se dirent : “ Le duc de Bretagne n’est pas un petit compagnon [22] ; ” et peut-être ajoutaient-ils : “ Se peut-il que le roi, dans la détresse où est le royaume , s’obstine à garder à la cour les ennemis personnels du duc de Bretagne ? ”
Or Charles VII venant à Angers pour recevoir le frère de Jean V est accompagné, et comme gardé à vue, on le verra tout à l’heure, par Louvet le président de Provence et Guillaume d’Avaugour.
Le roi reçut aussitôt Richemont dans le jardin de l’abbaye ; et Richemont accepta la charge de connétable en soumettant pourtant son acceptation à l’agrément du duc de Bourgogne et d’Amédée VII, comte de Savoie ; le roi accepta cette condition.
Le lendemain, 21 octobre, le roi, la reine de Sicile et Richemont arrêtèrent le traité de mariage de Louis d’Anjou, futur roi de Sicile, avec Isabelle, fille aînée de [p. 17] Jean V [23]. Le dimanche 22, Richemont dîna au château d’Angers avec la reine de Sicile.
Le jour même, le roi partait enlevé par ses favoris Louvet et autres, qui redoutaient déjà l’influence du futur connétable ; et Richemont n’ayant plus rien à faire à Angers, partait aussitôt, puisqu’il était à Tours, le 27 octobre [24].
À la même date, les bannerets, chevaliers et écuyers bretons rentraient en Bretagne, à l’exception du vicomte de Dinan, sire de Châteaubriant, de l’amiral de Penhouet et du président de Bretagne que le duc envoyait avec son frère au duc de Bourgogne.
Richemont partait plein d’espérance : il obtint sans peine l’agrément de son beau-frère Philippe-le-Bon et d’Amédée VIII à sa nomination de connétable : il rapprocha le comte de Savoie et son frère Jean V ; mais quand les envoyés du roi, ceux de Jean V et Richemont parlèrent au duc de Bourgogne de paix avec le roi, ils n’obtinrent que cette réponse : “ Pas de réconciliation tant que les meurtriers de mon père seront auprès du roi ! ”
Or en dépit des promesses faites au duc Jean V et à Richemont le roi ne les renverra pas de la cour ; et il faudra qu’eux-mêmes s’en retirent (5 juin 1425). [p. 18]
* * *
La liste donnée par nos bénédictins a été récemment publiée dans un journal de Vannes, l’Arvor, avec une omission fâcheuse et des additions très malheureuses. L’article de l’Arvor a paru dans le n° du 18 octobre 1905 sous le titre : Arthur de Richemont et ses compagnons d’armes. 6 octobre 1424. – Cet article comprend trois parties : un court préambule, la liste avec un titre, enfin une observation en forme de conclusion.
Un mot sur chacun de ces points en commençant par la liste.
Le journal n’a pas corrigée la liste donnée par nos bénédictins ; il reproduit tous les noms ; mais dans un intérêt d’abréviation qui ne s’explique pas, il a supprimé toutes les indications supprimant les compagnies ; en sorte que les listes partielles signalées plus haut n’apparaissent plus. Dans cette liste unique ou unifiée, aucune mention des chefs des compagnies et à peine quelques mentions de leurs qualités ! Le journal signale le maréchal et l’amiral de Bretagne ; mais pas un seul banneret quand il y en a sept, pas un bachelier quand il y en a deux, et seulement quatre chevaliers au lieu de douze.
Le lecteur va se demander quelle est la qualité des autres dénommés et qui sont au nombre de 189. Le titre de la liste répond à la question :
Il commence ainsi : “ Ensuyt la liste des chevaliers et hommes d’armes bretons compagnons de Monseigneur le comte de Richemont ”…
Donc tous ceux qui ne sont pas signalés comme chevalier sont hommes d’armes. Or, qu’est-ce que l’homme d’arme ? Dans l’armée féodale, c’est le simple cavalier. Le mot est pris en ce sens particulier aux XVe et [p 19] XVIe siècles, dans ces expressions souvent répétées : compagnies de 25, 50, 100 hommes d’armes.
Mais les objections vont venir. Le lecteur ne va-t-il pas se dire : “ Comment les hauts et puissants sires de Beaumanoir, de Montauban, de Châteaugiron, le vicomte de Dinan et ; autres, que l’Arvor ne signale pas comme chevaliers, seraient-ils simples cavaliers ? Même objection ; en ce qui concerne les Montmorency, Saint-Simon, Vaudrey, et autres gentilshommes français attachés à Richemont [25] ! ” — Et le lecteur aura raison.
La pièce citée par l’Arvor porte ces mots : “ Nombre des gens d’armes que Mgr de Richemont a menez avec lui…, etc. ”. Au mot gens d’armes, l’Arvor a substitué les mots chevaliers et hommes d’armes. Or les mots gens d’armes et hommes d’armes ne sont pas synonymes. Au lieu du sens particulier du mot hommes d’armes indiqué plus haut, le mot gens d’armes a un sens général, hommes de guerre, sens général ,qui. comprend tout : bannerets, bacheliers, chevaliers, écuyers et même hommes d’armes. Nous avons vu que dans cette troupe, il y a des officiers de tout grade mais non des hommes d’armes.
On reconnaîtra que cette abréviation, cette suppression des titres et sommes des listes partielles et cette substitution des hommes d’armes aux gens d’armes sont très fâcheuses ; mais voici des corrections encore plus malheureuses.
Dans l’original conservé à Nantes, la liste des compagnons de Richemont est précédée d’un titre que les bénédictins ont exactement reproduit et que voici :
“ Le nombre des gens d’armes que Monseigneur le comte de Richemont a menez avec lui en cest son présent voiage d’Angiers par devers le Roy. Par lettres dudit comte de Richemont et d’Ivry... ” [p. 20]
Dans la reproduction de l’Arvor le titre devient ce qui suit : (Je souligne les mots qui modifient le sens du titre authentique).
“ Ensuyt la liste des chevaliers et hommes d’armes bretons compagnons de Monseigneur le comte de Richemont, en son voyage, partant de Vannes pour aller à Angers et Orléans, devers Monseigneur Le Roy de France et Jehanne La Pucelle, l’an 1424. ”
Examinons l’une après l’autre ces deux affirmations : Richemont partit de Vannes, pour aller vers le roi et Jeanne d’Arc à Angers et Orléans.
Richemont partit de Vannes. L’avertissement placé en tête de l’article date ce départ du 6 octobre 1424.
Mais nous avons vu que Richemont signait ce jour-même son mandement à Nantes et le lendemain, 7 octobre, il y signait encore un autre acte [26]. Il n’a donc pas pu ce jour partir de Vannes.
Quelle apparence eut-il à fixer à Vannes le rendez-vous de sa troupe ou, comme on dit, de son armée ? Vannes aurait pu être pris comme lieu de rendez-vous si Richemont avait appelé les officiers de Cornouaille ou même du Léon ; mais le contraire se présente [27].
Des 7 bannerets et 2 bacheliers, 4 sont du département actuel d’Ille-et-Vilaine (les deux Montauban, Châteaugiron, le sire de Betton) ; 4 sont des Côtes-du-Nord (les 3 Dinan et le sire de Rostrenen) ; un seul, l’amiral de Penhouët, est du Finistère (Morlaix). – Des cinq chevaliers chefs de compagnies, un seul, le sire de la Feil-[p. 21]lée, est d’Ille-et-Vilaine, (Goven, arrondissement de Redon) ; Trémédern est du Finistère, (Lanmeur, arrondissement de Morlaix) ; le sire de Broons est des Côtes-du-Nord. – Je ne sais à quelle famille de la Chapelle rapporter le chevalier de ce nom ; mais il n’importe, toutes les familles nobles de ce nom sont d’Ille-et-Vilaine ou des Côtes-du-Nord. – Je ne trouve pas la résidence de Rolland de Saint-Pou. – Enfin le sire de Texue, seul écuyer chef d’une compagnie, est de Pacé, auprès de Rennes.
Des quatre autres chefs que Le Baud, nous a permis d’ajouter à la liste, un seul est du Morbihan, c’est le comte de Porhoët ; le sire de Malestroit en même temps sire de Combourg est aussi bien d’Ille-et-Vilaine que du Morbihan ; le vicomte de la Bellière est des Côtes-du-Nord ; Guy de Laval est à la cour du duc qui, en ce moment, se tient à Nantes [28].
Les escouades des bannerets sont le plus souvent composées de leur proche de famille ou de voisinage [29]. Dans ces conditions ; choisir pour lieu de rendez-vous général Vannes au lieu de Nantes. C’eût été pour le plus grand nombre dédoubler la longueur du chemin : pour tous même pour le sire de Malestroit et [p. 22] de Combourg, c’était l’allonger [30]. Le rendez-vous n’a pu être donné qu’à Nantes où était Richemont et qui est justement à moitié route de Vannes à Angers.
Il faut donc que les Vannetais renoncent à l’honneur réclamé un peu témérairement pour leur ville ; et de toute nécessité les mots partant de Vannes sont à retrancher.
De même, dans la phrase finale, il faudra bien aussi éliminer le nom de Jehanne la Pucelle.
En 1424, Jeanne avait douze ans ; elle était la pauvre et simple bergerette, si pieuse et si charitable que tout Domrémy chérissait ; elle n’entendra qu’à l’été suivant les voix qui la font pleurer en lui disant “ la grande pitié qui est au royaume de France ” [31] ; elle ne sera présentée au roi que près de quatre ans après, le 9 mars 1429. Richemont et ses compagnons ne verront donc pas, en 1424, à Angers Jeanne d’Arc auprès du roi et ils n’iront pas la chercher à Orléans.
Le préambule de l’article est contradiction avec le titre de la liste. Il y est dit que la vaillante armée de Richemont en 1424 allait “ plus tard ” sauver la France à Beaugency et à Patay. Les mots plus tard nous renvoient au mois de juin 1429.
On sait ce qui se passa alors à Parthenay.
Richemont, connétable et exilé rompt son ban, pour rejoindre Jeanne d’Arc (17 juin 1429). Jeanne abandonne le siège de Beaugency pour venir combattre le connétable, c’est l’ordre du roi. Mais l’accord se fait : ce qu’apprenant, les Anglais demandent la capitulation que Jeanne leur accord ; vingt lances de Richemont [p. 23] seulement ont affaire aux Anglais qui évacuent Beaugency. Le lendemain, les Français et les Bretons les atteignent et les défont à Patay ; niais comment dire que cette Victoire a sauvé la France, quand Paris et plus de là moitié du royaume sont encore aux mains des Anglais ?
Comment dire aussi que les compagnons de Richemont en 1424 étaient encore ses compagnons à Patay en 1429 ?
Des 195 inscrits sur la liste donnée par nos bénédictins et des quatre nommés par Le Baud sept seulement sont signalés à Patay [32]. Mais, dira-t-on, les chroniqueurs et les historiens, après eux n’ont pu donner les noms de tous les Bretons combattant à Patay. Sans doute ; mais tous n’y seront pas : ils sont morts entre les deux dates 1424 et 1429 notamment au siège de Saint-James-de-Beuvron en 1426, et au combat des Bas-Courtils (grève du Mont-Saint-Michel) en 1427.
Le connétable est avec tout son “ hôtel ” au siège de Beuvron : sept ou huit cent Bretons y périssent, parmi lesquels “ trois cents chevaliers et écuyers de nom ”. Nous connaissons seulement les noms de onze morts parmi lesquels six des environs de Quimper [33].
Comment la compagnie de Richemont et celle de l’amiral de Penhouet qui combattit obstinément se seraient-elles retirées indemnes de ce désastre ?
L’année suivante pendant le siège de Pontorson dont le sire de Rostrenen est capitaine, se livre le combat des Bas-Courtils. Le connétable n’y est pas, mais beaucoup de Bretons y sont ; notamment le sire de Châteaugiron qui est tué avec beaucoup d’autres. [p. 24]
Deux autres causes expliquent comment les Bretons étaient peu nombreux, en 1429, à Patay.
Premièrement nous avons une liste de la compagnie de Richemont au 21 juillet 1423 [34]. Elle comprend seulement un chevalier et vingt-trois écuyers. Or sur ces vingt-quatre gens d’armes il y en a six (un quart), qui ne se retrouveront plus dans la compagnie de Richemont, composée de trente gens d’armes, le 6 octobre 1424.
Ainsi, après moins de quinze mois, la compagnie n’est plus la même. Or en cet intervalle Richemont n’a pas tiré l’épée [35], aucun de ses gens d’armes n’a péri à la guerre ; il nous faut donc supposer que plusieurs ont quitté son service.
Il a pu en être de même entre le 6 octobre 1424 et le mois de juin 1429, temps où se placent d’ailleurs le siège meurtrier de Saint-James et le combat des Bas-Courtils.
En second lieu, en 1429, le connétable partait de Parthenay. Il était venu recruter en Bretagne ; mais ce n’est pas dans cette course rapide qu’il avait trouvé toute la troupe qu’il allait mener à Patay.
Dans cette grande journée (18 juin 1429), nous ne voyons signalés auprès du connétable que quatre chefs des compagnies de 1424, savoir : Beaumanoir (Jacques de Dinan) qui commande encore “ l’hôtel ” de Richemont, Rostrenen, Robert de Montauban, Alain de la Feillée [36]. À ces noms il faut ajouter celle de Gilles [p. 25] de Saint-Simon. Voilà les cinq compagnons de Richemont en 1424 que je trouve nommés dans l’armée bretonne à Patay. — Dans l’armée française figure Guy de Laval accompagné de son jeune frère André de Lohéac. Voilà en tout sept noms sur deux cents inscrits sur la liste de 1424 ou mentionnés par Le Baud.
Il va sans dire que Beaumanoir, Rostrenen, Robert de Montauban et Alain de la Feillée sont suivis le premier de l’“ hôtel ” du connétable, les autres de compagnies. Mais “ l’hôtel ” compte-t-il, comme en 1424, trente officiers ? Il est bien douteux que Richement exilé depuis deux années ait gardé une telle troupe. Tous sont-ils restés fidèles au connétable disgracié et traité en ennemi public ? — N’importe. Admettons que Beaumanoir a commandé une compagnie de 30 gens de guerre, que les autres compagnies sont encore de 7, 9 et 7 hommes, comme en 1424, nous aurons en tout 53 chevaliers et écuyers. — Ajoutez les hommes d’armes nous n’atteindrons pas le chiffre de 400 lances que le connétable pu amener à Patay avec huit cents archers.
II y a toute apparence que la petite armée fut composée en majorité de chevaliers, écuyers, hommes d’armes du Poitou ou des garnisons de Sablé, La Flèche et Duretal que le connétable recueillit en route.
L’Arvor dit en forme de conclusion :
“ Tous ces braves soldats étaient, qu’on s’en souvienne, nos ancêtres. C’étaient tous en outre de braves bretons du pays de Vannes où vivent encore beaucoup de leurs familles. ”
Examinons chacune de ces trois affirmations.
Oui, plusieurs de ces “ braves soldats étaient nos [p. 26] ancêtres ” en tant que Bretons… exception faite des Français nommés plus haut et d’autres qui semblent Poitevins.
“ Tous étaient du pays de Vannes ”. – J’ai montré plus haut les chefs des quinze compagnies étrangers au pays Vannetais…
“ Beaucoup de leurs familles y vivent encore (au pays de Vannes) ”. – On veut sans doute parler de la descendance masculine ayant gardé et portant le nom d’origine… Examinons.
La liste contient 195 noms. Mais plusieurs de ces noms sont communs à plusieurs familles [37]. Je puis citer 30 noms de famille répétés deux, trois et jusqu’à quatre fois. Ainsi 30 familles ont 69 représentants dans la liste ; donc pour qu’elle exprime le chiffre des familles, il faut au chiffre de 69 substituer le chiffre 30. La liste ne contient donc que 156 noms de famille. De ce chiffre il faut déduire les noms reconnus non bretons : Montmorency, Vaudrey, Saint-Simon… et il y en a sans doute plusieurs autres, notamment ceux d’officiers des possessions de Richemont en Poitou.
Enfin il y a quelques noms imprimés par nos historiens bénédictins que je ne retrouve pas au Nobiliaire. Il y en a plus encore dans la liste de l’Arvor. Ont-ils été mal écrits ?… Quoi qu’il en soit, c’est au moins une vingtaine de noms à retrancher.
Il reste donc 130 familles bretonnes.
Or de ces 130 familles bretonnes nommées en 1424 combien ont une postérité de leur nom vivante aujourd’hui en Bretagne ?
J’ai recouru au Nobiliaire du baron de Courcy. Le [p. 27] savant auteur marque d’un astérisque (*) les familles ou du moins la ou les branches des familles encore existantes. Quand le nom n’appartient qu’à une seule famille aucune difficulté. – Mais nombre de familles même étrangères les·unes aux·autres ont porté le même nom [38]. Or la liste que nous étudions donne le plus souvent le nom sans aucune indication accessoire (nom de seigneurie, etc.). De là naît un double problème :
1° À laquelle des familles homonymes en 1424 rapporter l’indication de la liste ? 2° Des familles homonymes de nos jours, laquelle pourra revendiquer l’indication du nom écrit en 1424 ? — Je ne me charge pas de répondre.
On va voir combien peu de familles existantes peuvent se réclamer des inscriptions de la liste. — Je n’ai trouvé, et je désire vivement avoir fait des omissions très involontaires, que les familles dont les noms suivent alphabétiquement :
– 1° familles nobles seules du nom :
— de Chevigné.
— de Coatgoureden.
— Conen, s’il est permis de, substituer, le nom Conen au nom de Conan (écrit dans les Preuves).
— de Cornulier (à supposer que le nom de Cornulier ait remplacé le nom Cornillé).
— de l’Estourbeillon
— de Ferron.
— de Freslon.
— de Kermoysan.
— des Salles
— de Trécesson. – Total : 10 familles.
– 2° —familles ayant eu un nom commun entr’elles même sans parenté : — Je citerai : [p. 28]
— Le Borgne.
— de Botherel.
— du Bouays.
— de la Chapelle.
— du Chastel.
— Huon (de Kermadec).
— de l’Isle (du Dreneuc).
— de la Lande (de Calan).
— de Launay.
— Le Moine.
— de la Roche.
— Roussel ou Rouxel.
— Le Roux.
— Thomas.
— de la Touche. – Total : 15.
Ainsi 25 familles contemporaines pourraient chercher un ascendant de leur nom dans la liste de 1424, vieille de 481 ans, moins de cinq siècles. Mais est-il permis de dire avec l’Arvor que ces familles vivent encore au pays de Vannes ?
* * *
L’article de l’Arvor est du 18 octobre. Le Nouvelliste de Bretagne a lu cet article, et, le 25 octobre, sans le citer, il lui donne une suite ; mais il le corrige… et bien malheureusement !
L’article de Nouvelliste finit ainsi :
“ Pour terminer, qu’il nous soit permis d’adresser au nom de la Bretagne et de la France, une prière à M. le maire de Vannes. ”
Au lieu d’un seul vœu, c’est deux vœux que le Nouvelliste va exprimer.
Voici le premier : “ Sur le socle de la statue on a inscrit seulement le nom de Richemont et deux dates. [p. 29]
L’inscription est insuffisante, le grand public ignorant malheureusement l’histoire de Bretagne et ayant oublié ou n’ayant jamais su celle de France. Donc nous demanderons qu’au dessous du nom du grand Vannetais, on ajoute ces mots Duk ar Vreiz (en breton) et Connétable de France (en français). ”
Cette inscription bilingue ne répondra pas au desideratum du Nouvelliste. En effet elle ne sera entièrement comprise que de ceux qui savent les deux langues : les Français se demanderont ce que veut dire cette expression duk ar Vreiz ; et les Bretons demanderont l’explication des mots Connétable de France [39].
Voici le second vœu : “ Que, s’il est possible, on mette sur les côtés du monument les noms des Bretons qui partirent de Vannes avec Richemont en 1424 pour rejoindre Jeanne d’Arc à Orléans et sauver la France. ”
Proposition faite pour surprendre tout ceux qui ne sont pas de ce “ grand public ” ignorant de l’histoire de Bretagne et de France, et que le Nouvelliste se propose d’instruire.
Dans son préambule, l’Arvor avait montré Richemont partant de Vannes en 1424 “ avec la vaillante armée qui, plus tard, allait sauver la France à Beaugency et à Patay. ” C’était peu exact, je l’ai démontré [40]. Mais du moins les mots plus tard rapprochés de Beaugency et Patay nous renvoyaient à 1429, date du combat de Patay.
Il est vrai que quelques lignes plus bas (titre de la liste), l’Arvor se corrigeant très malheureusement montrait Richemont “ partant de Vannes pour aller à An-[p. 30]gers et Orléans devers Mgr le Roy et Jehanne la Pucelle, l’an 1424. ”
C’était dire que la Pucelle était à Orléans en 1424. Voilà le Nouvelliste acceptant cette erreur, la faisant sienne et la publiant ! Seulement il prend soin de corriger l’Arvor ; il supprime le voyage de Richemont à Angers près du roi, et montre les Bretons se rendant droit à Orléans auprès de la Pucelle.
Ces trois versions marquent une progression dans l’erreur. Je ne puis que renvoyer à ce que j’ai dit plus haut : en 1424, Jeanne d’Arc avait douze ans, elle était à Domrémy ; et n’en partira que quatre ans et demi plus tard.
Le Nouvelliste pressentirait-il quelques hésitations de la part de M. le sénateur-maire de Vannes ? On le dirait quand on lit : “ M. Riou a le cœur trop breton pour repousser notre requête. ”
Or la question posée par le Nouvelliste est une question non de sentiment mais de justice. Que la Bretagne et la France au nom desquelles parle le Nouvelliste se le tiennent pour dit. Leur requête sera rejetée.
Pourquoi ? Parce que mon ancien collègue et cher ami le sénateur-maire de Vannes sait l’histoire, et jugera, comme il requérait autrefois en digne et loyal magistrat, avec justice et impartialité.
— Pourquoi ? dira le Nouvelliste. Parce que l’inscription demandée serait antihistorique et consacrerait une flagrante injustice.
Voici la preuve de cette double affirmation :
1° L’inscription des noms portés sur la liste serait antihistorique. Richemont et ses compagnons ne partaient pas d’Angers, en octobre 1424, pour faire la guerre. Ils ne tirèrent pas l’épée ; ils assistèrent pendant deux ou trois jours à des fêtes, prirent part à des festins homé-[p. 31]riques, savourèrent de bons vins d’Anjou, d’Aunis et de Gascogne, et revinrent chez eux charnues de ce voyage d’agrément. Tous ces plaisirs ne méritent pas une inscription qui porte des noms à l’immortalité.
2° Cette inscription serait injuste et, on peut le dire, doublement injuste.
Me dira-t-on : II se peut que des officiers inscrits sur la liste de 1424 ne se retrouvent pas ailleurs ; mais plusieurs autres figurent à côté du connétable durant ses longues guerres. Ceux-ci n’ont-ils pas conquis leur place au souvenir ? — Je réponds : Oui ; mais pour eux-mêmes et non pour ceux que nous ne retrouvons pas avec eux. Par contre, d’autres ne figurent pas sur la liste de 1424, trop jeunes peut-être alors pour monter à cheval, qui ont combattu avec le connétable pendant ses vingt-cinq années de guerres, et dont plusieurs ont conquis l’illustration.
Vous le voyez : l’inscription de la liste entière des compagnons de Richemont en 1424 serait pour nombre d’entre eux un honneur immérité ; et d’autre part l’inscription des seuls noms figurant sur la liste serait l’injuste exclusion de ceux qui ont combattu avec le connétable après 1425 : or voilà les vrais et seuls compagnons de guerre de Richement méritant d’être associés à sa gloire.
II s’agit de dresser cette liste qui sera absolument différente, on le verra, de la liste de 1424.
Dans cette liste se trouveront les noms de deux hommes qu’il faut marquer d’un stigmate d’infamie. L’un d’eux figure sur la liste de 1424 avec le titre d’écuyer dans la compagnie de Richemont. Le Nouvelliste ne le connaissait pas quand il ne l’a pas exclu du tableau d’honneur à graver sur le monument de Vannes. L’autre apparaît plus tard ; il figure aussi comme écuyer dans la compagnie du connétable. Voici leurs noms maudits : [p. 32]
Le dernier se nomme Olivier de Méel. C’est à lui qu’on attache d’ordinaire le titre de meurtrier du coupable mais malheureux prince Gilles. L’autre s’appelle Robert Rouxel ; il fut le complice du meurtre de Gilles. Tous les deux furent condamnés et décapités à Vannes en juin 1450.
Essayons de dresser une liste vraie – mais malheureusement incomplète – des Bretons compagnons de guerre de Richemont [41].
Pour tenir la promesse de mon titre, me fallait-il nommer tous les compagnons de guerre du connétable de Richemont ? Personne n’oserait le demander ; mais ont pourra dire que mes recherches ont été insuffisantes et on aura raison. En effet, les chroniqueurs du XVe siècle doivent fournir d’autres noms que ceux imprimés par les historiens ; or je n’ai pu recueillir que les noms relevés dans les livres que j’ai à ma disposition : 1° La Chronique d’Arthur III, par Guillaume Gruel ; 2° nos historiens bretons : Le Baud, Bouchard, d’Argentré, Lobineau et Morice ; 3° l’Histoire du Connétable, par M. Cos-[p. 33]neau ; 4° l’Essai sur la Bataille de Formigny, par M. Lair de l’Institut [42] ; 5° les Preuves des Doms Lobineau et Morice ; 6° les Recherches sur la Chevalerie de Bretagne, par M. de Couffon de Kerdellec’h [43].
Cette recherche a été un assez long travail. Mais ma peine a été largement payée par le plaisir de trouver de proche, en proche des noms encore noblement portés en Bretagne.
Mais le résultat de ce travail est déconcertant, tant il est mince !
En effet combien les indications données par les livres que je viens de nommer sont — et nécessairement — abrégées ! Un seul exemple : Gruel montre Richemont partant, en 1413, avec 1600 chevaliers ou écuyers bretons ; et il en nomme seulement cinq, les principaux chefs. Pendant une période de dix-sept années, il ne nomme que les compagnons faits chevaliers. Or Gruel est le principal informateur des historiens.
Je crois donc sage de me borner à donner :
1° Les noms des Bretons qui furent compagnons de Richement dans ses premières campagnes (1410-1413).
2" Ceux des Bretons qui à Azincourt tombèrent auprès de lui, ou furent faits prisonniers avec lui (1415).
3° Les listes des officiers de sa compagnie de 1423 à 1450, bataille, de Formigny. [p. 34]
4° La liste (incomplète) des Bretons qui ont fait les deux campagnes de Normandie (1449-1450).
5° Quelques noms de Bretons qui, sans avoir été de sa compagnie, ont marqué leur place dans son histoire.
6° Quelques courtes notices sur les personnages les plus marquants mentionnés plus haut.
[1] Plus encore sur la version en ligne que nous avons du adapter aux contraintes de notre outil (note A. de la Pinsonnais, pour la mise en page pour Internet).
[2] Son bisaïeul, Guillaume, seigneur du Parc au Maine, était frère de Henri IV d’Avaugour, père de Jeanne mariée à Guy de Bretagne en faveur duquel son frère le duc Jean III releva le comté de Penthièvre. Guy fut père de Jeanne mariée à Charles de Blois ; ses petits fils Olivier, Jean et autres étaient cousins au 9e degré de Guillaume d’Avaugour.
[3] Le connétable de Richemont (Arthur de Bretagne). 1886. Appendice XVIII, p. 500-501.
[4] Il y a 7 bannerets et 2 chevaliers-bacheliers. Comme nous verrons, Richemont confond bannerets et bacheliers, en leur attribuant la même gratification.
[5] La livre est comptée pour 20 sous, l’écu d’or pour 25 sous : 50 écus = 1250 sous = 62 £ 10 sous.
[6] Le nom de Chevery n’est pas breton, Mais au lieu de Chevery imprimé par Lobineau et Morice, ne peut-on pas lire Cheverue ? Cette maison venue de Normandie par l’Anjou en Bretagne, était possessionnée aux évêchés de Rennes et de Nantes, En 1451, François de Cheverue est écuyer d’écurie du duc (Courcy), Il est mentionné dans une montre de 1454, En 1488. Jean de Cheverue époux de Jeanne de Coëtlogon. M. Couffon de Kerdellec’h, Recherches sur la Chevalerie du duché de Bretagne, II. 404, I. 230. – Je citerai souvent cet ouvrage très érudit publié en 1877.
Parmi les écuyers de Richemont sont à remarquer trois étrangers Charles de Montmorency, Philibert de Vaudray et Gilles de Saint-Simon, dont il sera question plus loin.
[7] Madeuc devint chambellan du duc. La terre de Guémadeuc fut érigée en bannière (1451) en faveur de son fils Roland (M. Couffon de Kerdellec’h. (II, 368). Sur les Guémadeuc, pour un temps Écuyers héréditaires de Bretagne, voir Seigneurie et seigneurs de Guémadeuc (1888), et Grands écuyers héréditaires (1891) par J. Trévédy.
[8] Histoire de Bretagne. Chap. 48., p. 466.
[9] Nous verrons cela tout à l’heure.
[10] Hévin. Consultations, III, p. 7. = Un autre souvenir recommande L’Hospital aux Bretons. C’est lui qui leur a “ baillé la corde et mesure de la lieue de Bretagne : c’est assavoir une corde contenant six vingt pieds assise par six vingt fois. ” Const. de 1451, art. 2 (Vannes), mesure rappelée dans l’art. 38 N. C. – La lieue de Bretagne contenait donc 14400 pieds ou 4800 mètres 4 kilomètres 800 mètres. La loi du 4 juillet 1837 proscrivit d’une manière générale les mesures anciennes ; mais la lieue du pays a survécu dans l’usage après 1850 et a duré ainsi plus de quatre siècles.
[11] Je ne suis pas partout l’ordre des listes partielles. Pour plus // de clarté, j’ai rangé les compagnies selon la qualité de leurs chefs : 1° bannerets, 2° bacheliers, 3° chevaliers, 4° enfin un écuyer. – J’ajoute les titres de maréchal, amiral de Bretagne, grand chambellan, qui ne figurent pas sur la liste.
[12] Le comté d’Ivry, en Normandie, avait été donné par Henri V à Richemont pour prix de ses services pendant qu’il était son prisonnier. Il ne le posséda guère ; le comté allait lui être retiré. M. Cosneau, p. 69, 80 et 113.
[13] Il faut lire Broons. Dans Lobineau il est imprimé Braons ; dans Morice Broon.
[14] Dans Lobineau et Morice Saint-Poul. Il semble qu’on ait écrit indifféremment Pol, Paul ou Pou, Rolland notamment est appelé de Saint-Poul et plus ordinairement de Saint-Pou.
[15] J’ai puisé la plupart de ces renseignements dans le Nobiliaire du baron de Courcy (3e édition) et dans les Recherches sur la. chevalerie du duché de Bretagne, par M. de Couffon de Kerdellec’h.
En ce qui concerne les Dinan, cf. l’importante étude : Les Dinan et leurs juveigneurs par Mme la comtesse de la Motte-Rouge.
[16] Louis XI payait ainsi le service que les Montauban lui avaient rendu en le débarrassant de Gilles de Bretagne, qui aurait pu avoir des fils héritiers du duché.
[17] C’est lui que Le Baud nomme Rostellan, et ailleurs il est appelé Rostenay. Sur Rostrenen, voir : Les Compagnons Bretons de Jeanne d’Arc, Pierre de Rostrenen, par J. Trévédy, 1897.
[18] Voir sur cela la légende au pied de l’estampe montrant Le Baud présentant son histoire de Bretagne à Jean de Châteaugiron (Lobineau, Hist. en regard de la page 822).
[19] Extrait de la généalogie de Bretagne.
|||Arthur II|
|Jean, comte de Montfort. || Béatrix, femme de Guy X de Laval frère de Guy XI.|
|Jean IV || Guy XII.|
|Jean V | Richemont | Anne femme de Guy XIII.|
|||Guy XIV et André de Lohéac.
] ? – Nous retrouverons André de Laval[[Sur les deux frères de Laval. Les compagnons bretons de Jeanne d’Arc. Guy de Laval et André son frère, par J. Trévédy (1898).
[20] Une fondation de trois messes à Saint-Pierre de Nantes pour le succès de son voyage. M. Cosneau, p 84 note 6.
[21] Angers est à 27 ou 28 lieues actuelles de Nantes. On peut supposer que la compagnie bien montée a fait au moins sept lieues (28 kilomètres), par jour. Supposons bénévolement un repos d’un jour en route, le départ sera du 15 au plus tôt.
[22] C’est le mot de Henri IV entrant à Nantes à la vue du château.
[23] Le duc retira sa promesse et donna sa fille Isabelle à Guy de Laval d’abord fiancé à Marguerite, jeune sœur d’Isabelle. Ci-dessus n° 19.
[24] L’emploi du temps de Richement à Angers est ainsi donné par M. Cosneau (p. 85-86.) Sa présence à Tours, le 27, est mentionnée p. 88 (note 5 de la page 87).
[25] Ci-dessus, p. 6.
[26] cte de fondation de trois messes. Richemont avait servi dans l’armée anglaise, il venait d’épouser la sœur du duc de Bourgogne. Il n’était pas sûr de l’accueil du roi. C’est pourquoi “ il implorait l’assistance divine pour le succès de son voyage. ” Cosneau, p. 84. Ci-dessus, p. 15, note 3.
[27] Je vais prendre la Bretagne dans ses circonscriptions actuelles. Anachronisme qui éclaircira mes observations.
[28] V. Itinéraire de Jean V, Actes, t. Ier, p. 132-133, nos 1594-1595. Acte du 15 octobre en faveur de l’amiral de Penhouet et de Jean Giffart, chambellan (ce dernier compris dans la compagnie du sire de Montauban) que le duc “ envoie, dit-il, vers le duc de Bourgogne avec son frère de Richemont. ”
[29] Douterait-on de ce fait assez naturel ? Qu’on lise la liste : on verra souvent l’un après l’autre deux et quelquefois trois hommes du même nom. Exemple trois Texue qui composent seuls la compagnie de l’écuyer Texue. Trois Broons se trouvent dans la compagnie de Guillaume de Broons. Quatre Montauban dans celle sur sire de Montauban. Jean de Saint-Gilles, sire de Betton, a auprès de lui Jehan de Saint-Gilles et deux écuyers possessionnés à Saint-Médard sur l’Ille et à Parthenay, au voisinage de Betton. L’un d’eux est Jehan de L’Estourbeillon dont le nom est encore noblement porté en Bretagne.
[30] Même à le supposer partant de Malestroit, et non de Combourg.
[31] Sur ce point Siméon Luce, Jeanne d’Arc à Domrémy, p. 135-135.
[32] Sept seulement, on pourrait dire sept au plus. Nous les nommerons plus loin.
[33] V. notamment Le Baud, Hist., p. 470, et Nécrologes de Saint-François de Quimper, publié par J. Trévédy. XXX, v° Poulmic, p. 26, n° 113.
[34] Quittance de quelques gens d’armes du comte de Richemont. Morice, Pr. II, 1139.
[35] M. Cosneau. Chap. II, p. 73 à 84. – Mariage de Richemont avec Mme de Guyenne (10 octobre 1423) ; négociations en Bourgogne, Savoie, Bretagne, etc.
[36] Alain est-il le sire de la Feillée, chef d’une compagnie en 1424 ? C’est très douteux. (Voir ci-dessus, p. 12-13, n° 10). Admettons-le par hypothèse.
[37] Exemple : 4 Montauban, 4 Levayer, Leveyer, Levoyer, 3 Dinan, Broons, La Rivière, Texue, La Boissière ; et 23 familles nommées deux fois.
[38] Exemple : 20 familles Launay, 14 Levayer, Veyer ou Voyer, 13 Le Moine, 12 Le Roux, 11 Roussel, 10 La lande. Les noms multiples de plus de 20 familles figurent sur la liste.
[39] Si j’osais proposer un amendement aux vœux du Nouvelliste, je dirais qu’il faut deux inscriptions, une française, l’autre bretonne, rappelant la double qualité de connétable et de duc de Bretagne.
[40] Ci-dessus, p. 22-23.
[41] Dans liste (abrégée) imprimée ci-dessus (p. 8-10), il faut signaler une contradiction.
Les listes partielles donnent les noms de sept bannerets ; et ce nombre se retrouve dans les sommes qui résument chacune de ces listes. Or, à la fin de la liste générale, à la somme toute, c’est-à-dire au total, on lit : “ IX bannerets. ”
Ce chiffre IX, imprimé par Lobineau et par Morice est erroné, il faut s’en tenir au chiffre sept.
C’est ce que j’ai fait quand (p. 16), j’ai montré Richemont entrant à Angers “ accompagné de onze bannerets ”. Aux sept portés sur la liste, j’ai ajouté les quatre signalés par Le Baud (comte de Porhoët, sire de Malestroit, vicomte de Bellière et Guy de Laval), Guy n’était pas encore seigneur de Laval ; mais il était seigneur de Montfort-Gaël (depuis Montfort-la-Cane, aujourd’hui Montfort-sur-Meu, Ille-et-Vilaine) qu’il avait hérité (1419) de son aïeul paternel, Raoul VIII de Montfort. Le seigneur de Monfort était banneret. Sa bannière était portée à Bouvines en 1214.
[42] Dans cet ouvrage publié en 1903, M. Lair a donné plusieurs images de Richemont. Il a bien voulu nous communiquer ses clichés dont une partie a été reproduite par l’Association Bretonne (Congrès de Châteaubriant, 1904 — et de Concarneau, 1905. Un portrait du Connétable de Richemont et La Tapisserie de Formigny, par J. Trévédy). La Bretagne doit donc à M. Lair un portrait authentique de Richemont. Nous avons appris en mai dernier (1907), avec une sincère sympathie, la mort de l’érudit et obligeant membre de l’Institut.
[43] L’auteur avec un patient labeur à recueilli et coordonné une multitude d’indications éparses dans les gros in-folios des Preuves de nos historiens bénédictins.