Tudchentil

Les sources sur les gentilshommes bretons

L'histoire de Keroulas

Du Moyen Âge à nos jours

Par la famille de Keroulas.

Depuis le Moyen-Âge, le berceau de la famille de Keroulas se trouve au manoir de Keroulas à Brélès, en Pays de Léon. Plus de 6 siècles et près de 20 générations plus tard, cette belle demeure du XVIIe siècle est toujours la résidence de descendants de la famille.

Le manoir de Keroulas conserve de précieuses archives dont les plus anciennes datent de la fin des années 1300. Elles ont permis de remonter aux périodes les plus reculées de l’histoire familiale.

Le nom de famille de Keroulas s’est éteint en Pays de Léon au XVIIIe siècle. Les Keroulas d’aujourd’hui descendent de Ronan Mathurin de Keroulas (1730-1810) qui s’installe vers 1764 au manoir de Tal ar Roz au Juch près de Douarnenez. Sa nombreuse postérité estimée à plus de 5.000 personnes a surtout essaimé au Juch et dans les communes environnantes.

Ce beau livre illustré, travail collectif de plusieurs enfants de la famille, vous invite à plonger dans la destinée des Keroulas, à suivre son évolution au fil des siècles et à découvrir de nombreux épisodes parfois très surprenants.

Le livre est en vente chez l’éditeur aux éditions Récits au prix de 35 €.

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La Nativité tirée d'un livre d'heures à l'usage de Saint-Malo, © Bibliothèque Rennes Métropole, ms. 1510, f. 37, détail.

Tréguier vue depuis les rives du Jaudy, rue du Port.
Photo A. de la Pinsonnais (2009).

1265 : Jean Ier, duc de Bretagne, achète Dinan

Mardi 24 mars 2009, par Frédéric Morvan.

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Source

Le Télégramme de Brest, dimanche 20 octobre 2002.

Citer cet article

Frédéric Morvan, 1265 : Jean Ier, duc de Bretagne, achète Dinan, 2009, en ligne sur Tudchentil.org, consulté le 10 octobre 2024,
www.tudchentil.org/spip.php?article563.

Cet article est la propriété exclusive de son auteur.

La politique d’acquisitions du duc Jean Ier (1237-1286) continue. Après Brest en 1240, il acquiert Dinan en 1265.

Un site divisé

Dinan est alors une des trois cités de Bretagne, après Nantes et Rennes. Elle est née au fond d’un estuaire là où s’arrête la navigation maritime, là où fut construit un pont sur la Rance. Au XIe siècle, sa situation privilégiée lui permet d’attirer l’attention du puissant vicomte d’Alet qui donne le site à un de ses fils. Dinan n’est alors constituée de trois ou quatre villages, gravitant autour du château, du port et des églises de Saint-Malo et de Saint-Sauveur. 1123 est la première date importante de l’histoire de la ville. Geoffroy de Dinan partage ses terres entre deux fils : à l’aîné, Dinan-nord, Jugon et Corseul ; au cadet, Bécherel, Léhon et Dinan-sud. Dinan-nord correspond à la paroisse de Saint-Malo et Dinan-sud à celle de Saint-Sauveur. La ligne de partage part du vieux pont et passe devant l’église Notre-Dame de l’hôpital.

La descendance de l’aîné est nombreuse, les partages successoraux aussi. L’héritière de la branche aînée au début du XIIIe siècle, Havoise de Dinan, épouse d’Alain de Beaufort, ne possède plus que Dinan-nord et le château ancestral. En revanche, la branche cadette est florissante. Les héritiers sont peu nombreux. Rolland de Dinan est régent de Bretagne en 1186. Sa nièce et héritière, Gervaise, dame de Dinan-sud pendant quarante ans, fait trois prestigieux mariages sur l’ordre du roi de France : d’abord avec Juhel, seigneur de Mayenne, puis avec Geoffroy, vicomte de Rohan, et surtout en 1222, avec Richard Le Maréchal, seigneur de Longueville, un des fils de Guillaume Le Maréchal, comte de Pembroke, régent d’Angleterre pendant la minorité du roi Henri III. En 1232, Richard hérite du patrimoine familial, soit six châteaux gallois et d’immenses domaines en Irlande, autour de Dublin. Il meurt en 1234 dans un guet-apens en Irlande.

Gervaise réside dans son château de Léhon. Elle a aussi dû jouer un rôle non négligeable dans l’essor de Dinan. C’est sous son règne qu’est cité pour la première fois le nom des rues de Dinan, de la Minterie (1234), la Draperie (1236). Elle n’a que des filles, riches héritières. Isabelle, dame de Mayenne et de Dinan en 1238, et Marguerite de Mayenne épouse d’Henri d’Avaugour, seigneur de Goëllo, descendant direct en ligne masculine des ducs de Bretagne des XIe et XIIe siècles, alors que le duc Jean Ier n’en est issu que par les femmes. Leur fils, Alain d’Avaugour consolide la position de la famille en épousant l’héritière de Dinan-Nord, Clémence de Beaufort, fille d’Havoise de Dinan, car il est devenu évident qu’il va hériter de sa tante qui n’a alors pas d’enfants. A la mort de sa tante, en 1256, il réunit les deux parties de Dinan. C’est certainement lui qui fonde les couvents des Jacobins et des Cordeliers de Dinan donnant du travail à des centaines d’ouvriers.

La vente de Dinan

Alors qu’il est à la tête d’une cité en plein essor, Alain d’Avaugour décide, à Paris, devant le roi de France, de vendre tous ses biens bretons. Il cède à Pierre, fils cadet du duc Jean Ier, pour 16 000 livres (soit une année du revenu du duché), l’héritage breton de sa tante, soit Dinan-sud et Léhon, mais aussi les biens de sa femme qui doivent revenir à son fils aîné, Henriot d’Avaugour, soit Dinan-nord. Si l’accord n’est pas accepté à sa majorité par son fils, Pierre de Bretagne pourra obtenir des indemnités sur les domaines du Goëllo. Son père, furieux, le traite de malade mental. En fait, Alain, avant de mourir à la fin 1265, veut mettre fin au lourd contentieux qui oppose sa famille au duc de Bretagne. Depuis près de cinquante ans, les Avaugour se présentent comme les concurrents des ducs de Bretagne, appuyant toutes les contestations. En 1213, le père du duc Jean Ier, Pierre de Dreux a soufflé à la fois, à Henri d’Avaugour, sa fiancée, Alix, duchesse de Bretagne, mais aussi le Penthièvre et le Trégor. Pierre de Bretagne vend tous ses biens à son père en 1265, avant de partir en Croisade et d’épouser une princesse grecque. Dinan est alors aux mains de Jean Ier.

Un long procès

Henri d’Avaugour ne l’entend pas de cette oreille. A la mort de son fils, et au nom de son petit-fils, Henriot, il attaque l’accord devant la Cour de Paris en 1267. Il réclame la part de l’héritage venant de la mère d’Henriot. Le roi de France tranche par un compromis. Henriot aura une rente annuelle de 300 livres jusqu’à sa majorité, c’est-à-dire pendant cinq ans. Le duc renonce en contrepartie à réclamer les revenus du Goëllo. Mais le duc ne semble pas vouloir quitter Dinan. Il continue sa politique et édifie murailles et halles. Henri d’Avaugour gère les biens bretons de son petit-fils qui réside à Mayenne et à Paris. En 1278, selon un vœu fait à la Croisade, il devient moine et se retire dans les Cordeliers de Dinan et meurt civilement. Il laisse à son petit-fils, qui devient Henri II, le Goëllo. Henri II refuse de prêter hommage au duc de Bretagne tant que la terre de sa mère ne lui sera pas rendue. Le roi de France intervient en 1281 sans succès. En 1283, à Carhaix, les deux parties trouvent un arrangement. Le duc aura jusqu’à sa mort d’importantes compensations financières, la moitié du Champ de Dinan (aujourd’hui les places du Champ Clos et du Guesclin), les châteaux de Léhon et de Dinan-Nord. Henri II n’aura pas à attendre longtemps. Jean Ier meurt trois ans plus tard. Il reprend Léhon et Dinan-Nord.

En 1341, en héritant du duché de Bretagne, Jeanne, fille de Jeanne d’Avaugour, héritière des Avaugour, et de Guy de Bretagne, sire de Penthièvre, réussit de nouveau à réunir Dinan.