Tudchentil

Les sources sur les gentilshommes bretons

L'histoire de Keroulas

Du Moyen Âge à nos jours

Par la famille de Keroulas.

Depuis le Moyen-Âge, le berceau de la famille de Keroulas se trouve au manoir de Keroulas à Brélès, en Pays de Léon. Plus de 6 siècles et près de 20 générations plus tard, cette belle demeure du XVIIe siècle est toujours la résidence de descendants de la famille.

Le manoir de Keroulas conserve de précieuses archives dont les plus anciennes datent de la fin des années 1300. Elles ont permis de remonter aux périodes les plus reculées de l’histoire familiale.

Le nom de famille de Keroulas s’est éteint en Pays de Léon au XVIIIe siècle. Les Keroulas d’aujourd’hui descendent de Ronan Mathurin de Keroulas (1730-1810) qui s’installe vers 1764 au manoir de Tal ar Roz au Juch près de Douarnenez. Sa nombreuse postérité estimée à plus de 5.000 personnes a surtout essaimé au Juch et dans les communes environnantes.

Ce beau livre illustré, travail collectif de plusieurs enfants de la famille, vous invite à plonger dans la destinée des Keroulas, à suivre son évolution au fil des siècles et à découvrir de nombreux épisodes parfois très surprenants.

Le livre est en vente chez l’éditeur aux éditions Récits au prix de 35 €.

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La Nativité tirée d'un livre d'heures à l'usage de Saint-Malo, © Bibliothèque Rennes Métropole, ms. 1510, f. 37, détail.

Manoir du Vaumadeuc, en Pléven, possédé à l'origine par les Madeuc, seigneurs du Gué-Madeuc (XV-XVIIe siècles).
Photo A. de la Pinsonnais (2005).

1294 : le duc de Bretagne épouse la reine d’Ecosse

Jeudi 8 janvier 2009, par Frédéric Morvan.

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Source

Le Télégramme de Brest, dimanche 10 février 2002.

Citer cet article

Frédéric Morvan, 1294 : le duc de Bretagne épouse la reine d’Ecosse, 2009, en ligne sur Tudchentil.org, consulté le 18 mars 2024,
www.tudchentil.org/spip.php?article560.

Cet article est la propriété exclusive de son auteur.

En mai 1294, Arthur, fils aîné et héritier du duc Jean II de Bretagne, épouse sa cousine, Yolande de Dreux, veuve du roi Alexandre III d’Ecosse. Cette union met en scène un personnage méconnu, Yolande, pourtant élément clef de l’histoire de la Bretagne qui n’a conservé d’elle que ses démêles avec son beau-fils, le duc Jean III de Bretagne.

Princesse de France et reine d’Ecosse

De sa naissance, on ne sait rien, comme souvent à l’époque, même pour les plus grands. L’important n’est ni son lieu de naissance, ni sa jeunesse, mais son rang. Elle est princesse de sang royal, née dans la dynastie capétienne. Son père, Robert IV, comte de Dreux, est un descendant direct du roi de France, Louis VI le Gros. La fidélité de sa maison envers ses cousins royaux est inébranlable et lui vaut titres, terres et riches héritières en mariage. C’est dans cette famille que Philippe II Auguste avait choisi, en 1213, Pierre de Dreux comme époux de la duchesse Alix de Bretagne. La mère de Yolande est la riche comtesse de Montfort-L’Amaury en Ile-de-France.

Ces belles qualités lui valent d’être choisi par la reine mère d’Ecosse, Marie de Coucy, pour épouser son fils Alexandre III d’Ecosse, veuf de Marguerite d’Angleterre. En Ecosse, l’heure est grave. Coup sur coup, les enfants d’Alexandre III meurent. Il ne reste plus au roi que sa petite-fille, Marguerite, en bas âge. En cas de décès (Alexandre a tout de même 44 ans), le roi d’Angleterre pourrait réclamer la régence de l’Ecosse au nom de sa nièce. Marie de Coucy doit chercher une nouvelle épouse pour son fils, une reine idéale pouvant reprendre la tête du parti français à la cour d’Ecosse. Elle privilégie sa famille. Son second mari, Jean de Brienne est veuf de la grand-mère maternelle de Yolande. Ce choix est aussi une provocation envers le roi d’Angleterre. Yolande est, par sa mère, une Montfort, famille ennemie héréditaire des Plantagenêts, rois d’Angleterre. A l’automne 1285, Yolande (ou Joleta pour les Ecossais) épouse le roi d’Ecosse.

Quelques mois plus tard, la nouvelle et jeune reine est enceinte. Alexandre III décide de quitter sa résidence avec trois écuyers pour rejoindre son épouse, craignant des couches difficiles. La nuit est si noire qu’ils se perdent. Ils sont alors séparés. Les écuyers trouvent leur chemin et alertent les gardes de la reine. Le roi est retrouvé mort, la nuque brisée. Il serait tombé de cheval et se serait noyé dans le lit d’une rivière. Sa mort, il est vrai, est une véritable aubaine pour le roi d’Angleterre. Mais la reine est enceinte. Il faut attendre sa délivrance. Elle donne naissance, en novembre 1287, à un fils qui ne survit pas. Selon la rumeur et les mauvaises langues, elle aurait simulé son état pour conserver ses droits. N’étant plus d’aucune utilité, Yolande regagne la France emportant ses bijoux. La guerre se prépare en Ecosse.

Duchesse de Bretagne

La France se prépare aussi à la guerre en Guyenne contre l’Angleterre. Yolande réapparaît sur la scène politique. En mai 1294, elle épouse un riche héritier, Arthur de Bretagne. Elle a alors 27 ans et lui 32. Il est veuf depuis quatre ans de Marie, vicomtesse de Limoges. Il administre la vicomté de Limoges, voisine de la Guyenne, au nom de ses trois fils, Jean, Guy et Pierre. Par cette alliance aussi, le duc de Bretagne, Jean II, beau-frère et ami du roi d’Angleterre, se soumet au roi de France. Il marie donc son fils à une des protégées du roi, une princesse qui s’est déjà dévouée pour la Couronne royale. Le mariage semble heureux. Le couple a six enfants : Jean, Jeanne, Béatrix, Alix, Blanche et Marie. En 1305, Jean II meurt écrasé par l’éboulement d’un mur lors du couronnement du pape Clément V. Arthur de Bretagne devient le duc Arthur II et Yolande, la nouvelle duchesse. La seule ombre au tableau est la haine que lui voue le nouvel héritier du duché, Jean. Arthur II prend ses précautions et en 1308, lui alloue une rente de 7000 livres par an (le revenu annuel ducal de l’époque pouvant être évalué à 20 000 livres) assise sur ses revenus en France et sur les châteaux et forêts de Saint-Aubin du Cormier et de Rennes. En 1310, le duc rachète à son beau-frère, le comte de Dreux, le comté de Montfort. Le fils de Yolande sera donc comte de Montfort. L’année suivante, quelques mois avant sa mort, Arthur II oblige son fils aîné et héritier à reconnaître que les enfants de Yolande doivent hériter des terres et rentes familiales du Perche, du Maine, de Normandie, d’Anjou, de la châtellenie de Gavre et des domaines et salines de Guérande en Bretagne.

L’épine dans le pied du duc de Bretagne

Il n’était que temps. Les tracasseries commencent dès la mort de Arthur II. Jean III refuse de payer les rentes du douaire de Yolande qu’il juge exorbitantes. Il ose demander l’annulation du mariage de son père avec sa belle-mère pour cause de parenté. Ainsi, il n’aura plus ni à payer le douaire de sa belle-mère, ni à verser leur part de l’héritage à ses demi-frères et sœurs, qui seraient considérés comme bâtards. Le pape refuse l’outrage. La reine d’Ecosse, duchesse de Bretagne, réplique. Jean III a les pires ennuis pour récupérer l’héritage paternel d’autant plus que le roi de France n’apprécie guère le traitement infligé à sa protégée, et c’est sous son autorité, un traité est signé en avril 1313. Il est accablant pour Jean III. Non seulement, Yolande conserve son douaire de 7000 livres avec le château de Saint-Aubin du Cormier (une des portes de la Bretagne du Nord), mais aussi Jean III doit donner 14000 livres payables en sept ans pour financer les dots de ses demi-sœurs et payer ses dettes envers sa belle-mère. Jean III est ruiné. Yolande devient la tutrice de ses enfants (une rareté pour l’époque). Elle est alors toute puissante. Le premier ministre du roi de France, Philippe V le Long (1315-1322), est alors Henri de Sully, un de ses proches parents. En 1315, le roi décide de lui augmenter ses revenus, elle obtient les prévôtés de Nantes et de Champtoceaux. En mars 1317, le roi lui accorde le privilège de plus devoir à prêter hommage au duc de Bretagne. Ses terres bretonnes se retrouvent sous la protection directe du roi de France. Avant de mourir en 1322, elle marie ses enfants ou leur prépare de grands mariages. Son fils aîné, Jean, comte de Montfort et seigneur de Guérande, épouse en 1329 Jeanne, sœur du richissime comte de Flandre. Jeanne n’a qu’un frère et un neveu en bas âge, et à une époque où la mort venait vite, tous les espoirs étaient permis pour devenir comte de Flandre. Jean de Montfort ne sera néanmoins que duc de Bretagne.

Autrefois reine d’Ecosse, n’ayant pu avoir d’héritier, Yolande de Dreux fut responsable, bien involontairement, de la guerre d’Indépendance d’Ecosse. En revanche, c’est en tant que duchesse de Bretagne et protégée des rois de France, qu’elle réussit à constituer un important patrimoine pour son fils en Bretagne, lui permettant au moment voulu de revendiquer la couronne des ducs, provoquant la guerre de Succession de Bretagne. C’est en cela qu’elle peut être considérée comme un élément déterminant de la présence royale en Bretagne.