Tudchentil

Les sources sur les gentilshommes bretons

L'histoire de Keroulas

Du Moyen Âge à nos jours

Par la famille de Keroulas.

Depuis le Moyen-Âge, le berceau de la famille de Keroulas se trouve au manoir de Keroulas à Brélès, en Pays de Léon. Plus de 6 siècles et près de 20 générations plus tard, cette belle demeure du XVIIe siècle est toujours la résidence de descendants de la famille.

Le manoir de Keroulas conserve de précieuses archives dont les plus anciennes datent de la fin des années 1300. Elles ont permis de remonter aux périodes les plus reculées de l’histoire familiale.

Le nom de famille de Keroulas s’est éteint en Pays de Léon au XVIIIe siècle. Les Keroulas d’aujourd’hui descendent de Ronan Mathurin de Keroulas (1730-1810) qui s’installe vers 1764 au manoir de Tal ar Roz au Juch près de Douarnenez. Sa nombreuse postérité estimée à plus de 5.000 personnes a surtout essaimé au Juch et dans les communes environnantes.

Ce beau livre illustré, travail collectif de plusieurs enfants de la famille, vous invite à plonger dans la destinée des Keroulas, à suivre son évolution au fil des siècles et à découvrir de nombreux épisodes parfois très surprenants.

Le livre est en vente chez l’éditeur aux éditions Récits au prix de 35 €.

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Le gothique flamboyant du cloître de la cathédrale Saint-Tugdual de Tréguier (1461-1468)
Photo A. de la Pinsonnais (2009).

L’expansion territoriale des vicomtes de Léon à l’époque féodale

Samedi 14 juin 2008, par André-Yves Bourgès.

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Source

Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, t. 126, 1997, p. 355-374.

Citer cet article

André-Yves Bourgès, L’expansion territoriale des vicomtes de Léon à l’époque féodale, 2008, en ligne sur Tudchentil.org, consulté le 20 avril 2024,
www.tudchentil.org/spip.php?article510.

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L’expansion territoriale des vicomtes de Léon à l’époque féodale
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Les vicomtes de Léon et, en même temps qu’eux, les évêques-comtes qui siégeaient à Saint-Pol-de-Léon — lesquels avaient sans doute institué cet office de vicomte pour assurer la protection des intérêts temporels de l’évêché — ont cherché aux XIe et XIIe siècles à étendre territorialement leurs compétences respectives, féodale et diocésaine. Il est d’ailleurs possible que la convergence de leurs intérêts ait été encore renforcée par le fait que le siège épiscopal fut occupé, au moins en une occasion, par un membre de la dynastie vicomtale.

Comme le soulignait déjà H. Guillotel en 1971, « l’examen des limites des territoires où dominaient les vicomtes de Léon au XIIe siècle montre que leurs possessions débordaient l’évêché de Léon et s’étendaient sur ceux de Tréguier et de Cornouaille » [1]. Nous croyons pour notre part que, à tel ou tel moment de la période que nous étudions, ce sont les limites mêmes de l’évêché de Léon qui ont pu être déplacées pour intégrer plus ou moins durablement des paroisses en fait placées originellement sous l’autorité des prélats qui siégeaient à Tréguier ou à Quimper.
Il reste que, faute d’une documentation dont on ne peut pas croire qu’elle n’ait jamais existé, ce qui pose d’autres problèmes que nous n’exposerons pas ici, « on ne connaît pas les étapes de l’expansion léonaise » [2]. Dès lors les historiens furent souvent obligés, dans le passé, de pallier ce déficit documentaire en élaborant de savantes mais en même temps très fragiles constructions, dont certaines ont été depuis jetées à bas par la critique moderne.
H. Guillotel a ainsi montré que l’hypothèse formulée par A. de La Borderie « qui voulait que la châtellenie de Morlaix-Lanmeur ait été donnée par Alain III au vicomte de Léon pour le remercier de l’aide apportée contre le comte Eudes », s’appuyait fallacieusement « sur un passage obscur de l’historien Le Baud » et qu’elle ne pouvait être retenue [3]. Pourtant il est patent que les vicomtes de Léon furent possessionnés dans le Trégor occidental comme l’attestent à la fois les sources diplomatiques, annalistiques, archéologiques et toponymiques ; d’autres témoignages, ceux des récits hagiographiques — témoignages plus difficiles d’interprétation mais aussi plus subtils — peuvent être également sollicités : ainsi en est-il notamment de la *vita Ia de saint Melar, prince martyr dont le chef-lieu du culte est précisément à Lanmeur. Nous croyons qu’il faut faire, en l’occurrence, une approche différenciée des possessions léonaises, d’une part dans la châtellenie de Morlaix, d’autre part dans celle de Lanmeur à laquelle nous nous attacherons plus particulièrement. La réunion de ces deux circonscriptions féodales, acquise dès la seconde moitié du XIIIe siècle, ne doit pas masquer en effet qu’il s’agissait sans aucun doute à l’origine de deux entités distinctes, dont les ressorts respectifs étaient d’ailleurs encore distingués sous l’Ancien Régime [4]. Plus encore, cette approche différenciée en termes géographiques permet de mieux cerner les aspects chronologiques de la présence léonaise en Trégor ; en outre, il est possible que ce qui fut longtemps interprété comme une expansion corresponde en fait à un glacis territorial, zone soustraite depuis quelques décennies seulement à l’autorité de l’évêque qui siégeait à Saint-Pol-de-Léon pour constituer la partie occidentale du récent diocèse de Tréguier ; mais surtout zone de contact entre les belliqueux vicomtes de Léon et la non moins turbulente maison féodale issue d’Eudon de
Penthièvre.

B. Tanguy, faisant observer à propos des vicomtes de Léon que « dès le milieu du XIIe siècle la seigneurie de Daoulas est entre leurs mains », suggère que leur expansion territoriale en Cornouaille remonte peut-être aux « combats entre Guyomarc’h et Alain Cainhiart, dans la première moitié du XIe siècle » [5]. En fait, après son expédition d’ailleurs malheureuse contre Alain Cainhiart et qui n’implique donc nullement qu’il ait pu à cette occasion faire puis consolider la conquête militaire de territoires cornouaillais, le vicomte Guyomarc’h de Léon paraît s’être comporté en allié de la maison comtale de Cornouaille, exemple suivi par ses successeurs et notamment après l’accession au trône ducal de Bretagne du fils d’Alain Cainhiart, Hoël : nous reviendrons sur ces différents aspects de la question plus bas au § 3. Il y a surtout, comme l’a également souligné B. Tanguy, le cas de Ploudiry et de ses trèves dont les Annales de Saint-Bertin paraissent méconnaître, à l’époque où travaille l’annaliste, c’est-à-dire dans la seconde moitié du IXe siècle, l’appartenance au Léon [6] ; en 1173 encore, date à laquelle le nom de cette paroisse figure dans une charte en faveur de l’abbaye de Daoulas [7], son obédience léonaise est quasi certaine, mais son appartenance léonarde, vraisemblable, n’est toujours pas
affirmée de manière explicite.

H. Guillotel résume ainsi la situation : « le territoire sur lequel le vicomte de Léon exerce son pouvoir aux XIe et XIIe siècles s’étend sur quatre pagi : pagus Achmensis, pagus Daoudour, partiellement pagus Castelli et pagus du Faou ; et sur trois évêchés : Léon, Cornouaille et Tréguier » [8]. Délaissant les deux premiers pagi qui correspondent à l’évêché de Léon stricto sensu, nous nous intéresserons donc, dans le cadre de cette étude relative à l’expansion léonnaise à l’époque féodale, au pagus Castelli et à celui du Faou.

I

Le pagus Castelli et l’importance ancienne de Lanmeur

§ 1. – Origines et développement du pagus Castelli
Les incursions normandes en Bretagne armoricaine à partir de la seconde moitié du IXe siècle et la lutte de reconquête entreprise par Alain Barbe-Torte à partir de 936 ont provoqué, entre autres conséquences, une réorganisation territoriale dont les pagi de l’époque carolingienne ont plus ou moins pâti et avec eux les diocèses constitués à partir de ces anciens cadres. Cette réorganisation, entamée dès la seconde moitié du Xe siècle, et qui a notamment abouti à l’érection des évêchés de Saint-Brieuc et de Tréguier, n’était pas encore parachevée au siècle suivant. Ainsi dans une charte de 1040 la paroisse trégoroise de Plougasnou, actuelle commune finistérienne voisine de celle de Lanmeur, était-elle encore localisée, de manière assez vague, in pago Leonensi ; mais une autre rédaction plus précise et en même temps moins fiable du même acte « la localise en Po Castello, la dénomination bretonne du pagus Castelli » [9].
Cette dénomination faisait évidemment référence à un puissant « château » — ou plus exactement au « château » d’un puissant — que les érudits ont successivement situé à Plufur au lieu-dit le Castel [10], à Ploulec’h au Yaudet [11], à Plouigneau au lieu-dit Castel Dinan [12], à Morlaix ; mais c’est à Lanmeur, au lieu-dit Beuzit ou Castel Veuzit, alias La Boissière, dit encore Douvejou Sant Melar, « les douves de saint Melar », qu’il faut localiser ce « château », comme l’indique clairement la *vita Ia du jeune prince martyr : in Domnoniam, in pago Castelli, in castellum quod vocatur Boxidus [13]. A environ un kilomètre à l’ouest du centre bourg de Lanmeur, sur la route de Plouézoch, se voient encore aujourd’hui les vestiges d’une enceinte rectangulaire (approximativement 40 m x 80 m) du haut Moyen Age ayant probablement succédé à une villa de l’Antiquité tardive [14]. A fortiori cette ancienne forteresse était-elle reconnaissable, sinon même vraisemblablement occupée, au moment où travaillait l’hagiographe, lequel en attribue la prééminence au statut prestigieux du mythique « comte » Commor, son occupant à l’époque des événements rapportés dans la *vita Ia de saint Melar. Cette dernière n’est pas le seul texte hagiographique à mentionner le pagus Castelli : on retrouve celui-ci dans la vita Ia (Vie brève) de saint Tugdual — en fait probablement la pièce la plus tardive du dossier hagiographique tudualien [15] — laquelle ignore complètement le Léon et nomme pagus Daoudour le territoire résiduel de l’ancien pagus Leonensis [16], ainsi que dans la vita IIIa (Vie longue) du même saint. L’objectif de cette dernière est très facile à reconnaître : il s’agit de renforcer le pouvoir d’évêque régionnaire des titulaires du siège de Tréguier sur la partie occidentale de leur diocèse. Une telle préoccupation révèle la complexité et sans doute la difficulté des rapports entre les évêques de Tréguier et ceux de Léon aux XIe et XIIe siècles ; nous y revenons plus bas au § 2.
Si l’on excepte la pièce relative à Plougasnou, douteuse, la première attestation diplomatique du pagus Castelli, qui puisse être datée avec relativement de précision ne remonte pas au-delà du milieu du XIIe siècle (entre 1149-1157) : à cette époque Hervé qui se qualifiait « comte de Léon » confirme et augmente la donation antérieure de son père au prieuré de Saint-Melaine de Morlaix, entre autres la moitié de la dîme du miel de pago Leonensi et de pago Castelli [17]. On sait que la puissante maison de Léon était possessionnée dès avant 1128 à Plourin-lès-Morlaix [18] — où se trouvait son principal château — et à Ploujean dès avant la seconde moitié du XIIe siècle [19]. Justement les possessions trégoroises de la maison de Léon sont évoquées à plusieurs
reprises au long du XIIIe siècle. Un témoin entendu à l’occasion de ’enquête royale de 1235 rapporte que le vicomte Guyomarc’h (mort en 1208), le fondateur de la branche aînée de la maison de Léon, avait la saisine de tout le territoire entre Saint-Mathieu-de-Fineterre et la croix en-deçà de Lannion (tota terra que est a Sancto Matheo de Finibus Terre usque ad crucem que est citra Lannion) [20], Rennes, 1902, p. 16-17.]] : voilà qui incluait au moins le littoral du pagus Castelli, même si cette dernière dénomination n’est pas employée dans le procès-verbal de l’enquête en question. Beaucoup plus tard, en 1276, alors que la ruine des descendants de ce Guyomarc’h est quasiment consommée, l’un d’eux, le vicomte Hervé, vend au duc de Bretagne l’ensemble de ce qu’il possédait encore es eveschés de Leon de Cornoalle e de Triguer e en tous autres leus [21], à l’exception semble-t-il d’une partie de son patrimoine déjà cédée à Roland de Dinan, son beau-frère ; là encore le pagus Castelli n’est pas nommé dans l’acte, mais nous pouvons supposer qu’il est compris sous l’appellation d’évêché de Triguer. Il faut en fait attendre la fin du XIIIe siècle pour voir le nom du pagus Castelli employé dans le Livre des Ostz : en 1294 on mentionne, sous la Baillie de Triguier, Monsour Rolland de Dynam I chevalier de la terre de Poastel [22] ; mais c’est pour disparaître aussitôt de la géographie féodale bretonne.
La postérité du pagus Castelli dans la géographie ecclésiastique est plus durable. Là encore il faut attendre la seconde moitié du XIIIe siècle pour trouver la mention d’un archidiacre de pago Castelli in ecclesia Trecorensi [23] que le pape Alexandre IV avait chargé en 1261 de défendre à l’archevêque de Tours et à ses suffragants d’inquiéter l’abbaye de Beauport. Aux XIVe et XVe siècles, à la suite de la conjonction de différents facteurs, la prééminence du titulaire de l’archidiaconé du pagus Castelli devait s’affirmer avec éclat comme le reconnaissent les rentiers épiscopaux, tel le Raoulin dressé en 1434 sur l’ordre de l’évêque Raoul Rolland. Beaucoup d’auteurs ont supposé que l’origine de l’extraordinaire pouvoir de l’archidiacre de Plougastel (forme fautive qui a rapidement remplacé Poucastel) à la fin du Moyen Age devait être recherchée dans un hypothétique évêché gallo-romain de *Lexovium (confusion avec Lisieux) au village du Yaudet en la commune de Ploulec’h, lieu très anciennement fortifié et habité et qui était effectivement compris dans le territoire de l’archidiaconé de Plougastel. Nous croyons qu’il s’agit exactement du contraire et que c’est la position revendiquée par l’archidiacre de Plougastel et à lui reconnue — sans doute dès les tout débuts de l’évêché de Tréguier quand l’évêque l’a institué son principal collaborateur — qui est à l’origine de cette légende d’un évêché gallo-romain localisé là où il y a pu seulement avoir, aux temps carolingiens, le siège d’un concurrent du prélat installé à Saint-Pol-de-Léon. Les premiers développements de la légende de l’évêché de *Lexovium sont dans la Vie longue de saint Tugdual qui est du XIIe siècle [24]. Jusqu’à la fin de l’Ancien Régime, l’archidiaconé de Plougastel et ses titulaires successifs seront considérés par ceux qui ont eu à traiter de l’organisation du diocèse de Tréguier comme un véritable évêché dans l’évêché et un deuxième évêque en Trégor ; mais cette importance, reconnue au plus haut semble-t-il à l’époque des guerres de la Ligue, ne cessa par la suite de
décliner sous les assauts répétés des évêques de Tréguier, soucieux de rétablir et d’affermir leur pouvoir.

§ 2. – Lanmeur, enjeu territorial entre les évêques de Léon, de Tréguier et de Dol
Nous savons de source sûre que la possession de la villa de Lanmuer Melar, revendiquée par Pierre Mauclerc en 1235, lui était alors contestée par l’évêque de Dol pour qui cette villa constituait une partie intégrante de son domaine [25] ; mais curieusement, c’est de l’évêque de Léon que Pierre Mauclerc prétendait avoir fait l’acquisition, entre 1213 et 1231, de la villa en question : de villa de Lanmuer Melar dixit [Johannes de Hirel] quod quando Comes acquisivit terram super Leon’ episcopo, reclamavit [episcopus Dolensis] villam illam et produxit testes ad probandum quod erat sua [domin]ica [26].
Quant à remonter aux origines de l’obédience doloise de Lanmeur, bien attestée à partir du bas Moyen Age, il ne saurait en être question en l’état actuel de notre documentation. Certes H. Guillotel a démontré que, « quand le contrôle est possible, l’existence des enclaves est attestée dès la première moitié du XIe siècle » [27]. Plus encore, cet auteur conjecture que c’est « au cours de la période allant du milieu du VIe siècle à la fin du IXe que l’église de Dol put constituer son temporel » [28] ; cependant en ce qui concerne Lanmeur, nous n’avons aucun témoignage qui permette de confirmer ce point de vue : l’exemple proche de Locquénolé, autre enclave de Dol sous l’Ancien Régime, nous incite d’ailleurs à beaucoup de prudence [29]. Il y a présomption que cette situation était déjà acquise en 1157 ou 1158 [30] ; mais il semble qu’à cette dernière date, leur appartenance doloise était contestée par les Lanmeuriens eux-mêmes, qu’ils fussent clercs ou laïcs.
En revanche il est parfaitement légitime de supposer qu’il a existé aux XIe et XIIe siècles des conflits entre l’évêque de Tréguier et celui de Saint-Pol-de-Léon, conflits sur lesquels nous disposons de quelques témoignages indirects :

  • ainsi en est-il dans la vita Ia (Vie brève) de saint Tugdual — en fait au mieux contemporaine de sa vita IIa [31] sinon même plus tardive comme nous l’avons dit — de l’attribution au saint, entre autres donations, de possessions léonardes, les seules qui soient désignées nommément ; et surtout de l’emploi exclusif de la dénomination pagus Castelli pour désigner le territoire situé à l’est de la rivière de Morlaix [32], sans référence au diocèse de Léon dont ce territoire a pu constituer un démembrement [33]. Or nous avons vu que, en 1040 encore, la chancellerie ducale continuait de situer Plougasnou, à l’est de la rivière de Morlaix, « dans le pays de Léon » (in pago Leonensi) [34] ;
  • ainsi en est-il également de la titulature episcopus Auximorum portée en 1056 par l’évêque de Tréguier Martin et qui fait référence à l’ancienne civitas galloromaine des Osismes [35] ;
  • ainsi en est-il enfin, dans une version de la vita IIa (Vie moyenne) de saint Tugdual [36], de la mention de l’épiscopat (invérifiable) de Tugdual à Lexovium, c’est-à-dire à Lisieux, avec l’objectif de conférer au monastère de Tréguier un peu du lustre et de l’antiquité qui s’attachaient à cet incontestable siège d’évêché gallo-romain, sans doute aussi pour s’opposer à l’offensive du titulaire du siège de Saint-Pol-de-Léon qui revendiquait, lui aussi, le titre d’ « évêque des Osismes ».

Au XIIe siècle, l’auteur de la vita IIIa (Vie longue) donne d’importants développements à la légende d’un évêché de *Lexovium, situé non loin de Tréguier et dont Tugdual aurait été titulaire, légende qui résulte d’une interprétation erronée et sans doute volontairement fallacieuse des informations contenues dans la Vie moyenne. Fort de cette illustration donnée au Trégor, l’hagiographe n’hésite pas à faire intervenir le saint jusque sur le territoire de l’évêché de Léon stricto sensu ; et c’est dans ce contexte de défense de ses intérêts territoriaux dans l’ouest de son diocèse [37] que Tugdual, clairement désigné comme évêque régionnaire, effectue un circuit de visite pastorale qui l’amène au monasterium de Lanmern (variante : Lanmeru) [38].
Est-il possible de reconnaître dans cet établissement l’hypothétique « grand monastère » de Lanmeur dont une cacographie aurait déformé le nom ? Certes les circonstances que nous avons rappelées — une visite épiscopale — se prêtent assez bien à une telle identification : le saint en effet se rend en Léon au départ de *Lexovium (c’est à dire le village du Yaudet en Ploulec’h) ; or l’itinéraire qui mène du Yaudet à Saint-Pol-de-Léon passe assurément par Lanmeur [39]. Le saint fait d’abord
halte à Curmau (aujourd’hui le village de Coulmou en la commune de Ploumilliau) [40] où il opère la guérison d’un paralytique (§ 14) ; puis, après justement que l’hagiographe tudualien a exalté (au § 15) les vertus épiscopales de son héros, celui-ci arrive à Lanmern, désigné comme étant un « domaine » (praedium) avec une église et que dirige un certain Matronus, sans doute à la fois matériellement et spirituellement. C’est dans le périmètre relativement proche de l’église de Lanmern ou Lanmeru que se situe, d’après l’hagiographe tudualien, une hauteur qui surplombe un bras de mer ; et c’est en cet endroit, magnifique mais aride, que le saint fait jaillir miraculeusement une fontaine. La description donne à penser que l’endroit en question pourrait se situer sur la rive droite et au-dessus de la rivière de Morlaix.
L’existence dès les siècles mérovingiens ou carolingiens d’un monastère à Lanmeur est évidemment possible. Il aurait alors disparu, comme tant d’autres établissements religieux du haut Moyen Age breton, dans la tourmente des incursions vikings de la première moitié du Xe siècle ; et moins heureux, ou simplement moins intéressant, que ceux de Léhon, Landévennec, Rhuys, Landoac, Gaël, etc., il n’aurait pas connu de relèvement postérieur, mais seulement — comme ce fut également le cas à Déas ou à Vertou — une modeste continuité monastique incarnée ici par le petit prieuré de Kernitron dépendant de l’abbaye Saint-Jacut-de-l’Isle. Tout cela cependant demeure extrêmement conjectural : en retenant l’hypothèse d’un « grand monastère » celtique détruit dans la première moitié du Xe siècle et le fait que les moines de Saint-Jacut détenaient deux parts de la dîme de Lanmeur en 1163, il y a entre ces deux époques un intervalle de plus de deux siècles ; rappelons de surcroît que l’auteur de la *vita Ia de saint Melar, qui écrit vraisemblablement dans le dernier tiers du XIe siècle, ne mentionne pas le nom de Lanmeur et ne fait allusion à aucun établissement monastique en ce lieu. Ainsi donc le « monastère de Lanmern », si cette forme du toponyme est bien une cacographie pour Lanmeur, doit être une invention de l’auteur de la vita IIIa de saint Tugdual que lui a inspirée, sinon son talent d’étymologiste du moins son goût pour cette science [41], en même temps que sa volonté de revendiquer pour le compte du titulaire du siège de Tréguier la possession du « grand domaine » de Lanmeur qui dépendait sans doute à l’origine de la mense épiscopale de Léon. Ce conflit durable entre les évêques de Léon et ceux de Tréguier fut bientôt compliqué par l’attitude également revendicatrice des prélats dolois — sans doute sollicités en ce sens par les moines de Saint-Jacut au profit de leur prieuré de Kernitron — dont l’autorité a fini par être reconnue sur place quand s’est territorialisée, au détriment de la paroisse de Ploemaec, celle de Lanmeur.

§ 3. – Origine des possessions trégoroises des vicomtes de Léon
Dans l’épisode de la fuite de Melar et de sa mère adoptive qui viennent se réfugier auprès de Commor, lequel était marié à la tante du jeune prince, l’hagiographe décrit l’accueil chaleureux fait à celui-ci et indique également que l’enfant reçut de son protecteur et parent des assurances qui allaient bien au-delà de la simple hospitalité puisqu’il était tout simplement question que Commor prît désormais en charge l’éducation de Melar. Plus encore, l’oncle promit alors à son neveu de lui donner le « château » de Beuzit, dont le statut de chef-lieu du « pays » soumis au pouvoir de Commor est, sous la plume de l’hagiographe, très explicite [42]. La promesse d’une telle donation ne peut se comprendre que dans un certain contexte historique, celui de l’accession du comte de Cornouaille Hoël au trône de Bretagne en 1066 ; et ce
passage de la *vita Ia de saint Melar constitue en fait l’affirmation et la justification des droits de la dynastie comtale de Cornouaille sur la partie septentrionale de la Bretagne, précisément au moment où « le hasard biologique des successions dans les lignages des grands » aboutit à un découpage territorial qui « ressuscite le vieille opposition entre la Domnonée riveraine de la Manche et la grande Cornouaille, augmentée du comté nantais, d’avant Waroch » [43].
En 1066 en effet, la dynastie souveraine de Bretagne, issue des anciens comtes de Rennes, et d’ailleurs essentiellement implantée dans le nord de la péninsule, a sa branche principale coupée net par la mort prématurée de Conan II [44]. Cependant la couronne bretonne passe à la sœur unique de Conan, Havoise, épouse du comte de Cornouaille, Hoël ; et celui-ci, dont la famille apparaît être déjà « au tout début du XIe siècle, et pour une époque légèrement antérieure, une alliée de la maison de Rennes » [45], devient donc le duc ou le comte, ou encore le consul, de Bretagne ou des Bretons [46] ; mais la Bretagne septentrionale échappe presque complètement à son autorité.
Du côté de la ville et du comté de Rennes qui sont sous la coupe de Geoffroy Grenonat, le demi-frère (illégitime) de Conan II, il n’y rien à faire ou presque puisqu’il est convenu que Geoffroy conserverait la jouissance de son apanage sa vie durant ; Hoël mourut d’ailleurs avant son compétiteur et c’est à son fils Alain Fergent que revint le mérite d’avoir fait rentrer Rennes dans le patrimoine de la dynastie souveraine en précipitant un peu les événements et la mort de Geoffroy [47].
Plus à l’ouest, un vigoureux surgeon de l’ancienne dynastie souveraine continue de croître et de s’épanouir : il s’agit de l’oncle paternel et des cousins germains du défunt, Eudon (de Penthièvre) et ses fils, lesquels sont à la tête d’une vaste principauté dont le territoire correspond sensiblement à celui des tout récents évêchés de Tréguier et de Saint-Brieuc [48]. Le fort sentiment d’indépendance qui anime cette branche cadette a déjà conduit son chef à se comporter en adversaire du pouvoir central ; aujourd’hui l’ambition le pousse à revendiquer ce pouvoir.
Enfin le Léon, à l’extrémité occidentale, a ses seigneurs particuliers, lesquels ont entretenu longtemps avec la dynastie de Cornouaille des rapports tumultueux, avant une normalisation acquise dès avant 1055 [49] ; il est possible que l’artisan de ce rapprochement ait été l’évêque de Léon, Omnes, auparavant membre de l’entourage du comte de Cornouaille Alain Caignard. Il paraît en tout cas que ces rapports s’étaient encore améliorés pendant le règne de Hoël, comme le montre une charte de 1069 dans laquelle le seigneur de Léon de l’époque, Roland (Rollant de Leün), est mentionné parmi les « chevaliers » (milites) du « comte de Bretagne » [50]. Dans le lai de Guigemar le « sire de Léon » (Liün) est désigné comme un des barons de Hoël (Hoëls) et son fils Guigemar (c’est à dire Guyomarc’h), aurait été élevé à la cour avant d’être adoubé par Hoël ; puis « en quête de renommée il gagna la Flandre, où il y avait toujours batailles et guerres » (en Flandres vait pur sun pris querre / la out tuz jurs estrif e guerre) [51]. En 1096 on retrouve le vicomte Guyomarc’h parmi les barons du duc Alain Fergent qu’il suivit en Terre sainte, où il fut fait prisonnier à Balad ; revenu en Léon, il mourut assassiné par ses sujets en 1103 [52].
Après les premières années d’un règne placé « sous le double signe de la paix extérieure et de la tranquillité intérieure » [53], Hoël dut s’opposer militairement à ceux de ses barons qui mettent en cause la légitimité de cette autorité, en particulier dans le nord-ouest de la péninsule ; et il paraît très vraisemblable qu’il s’est appuyé en cette occasion sur les impétueux vicomtes de Léon [54]. Ceux-ci ont alors étendu et renforcé leurs possessions territoriales dans toute la région concernée, en particulier en Trégor et donc au détriment des Eudonides ou des vassaux de ces derniers. Le souvenir confus de ces événements a été conservé par Pierre Le Baud [55] qui le rapporte à l’époque du conflit supposé entre Eudon et son frère le duc Alain III. On a vu comment A. de La Borderie en a jadis déduit que la châtellenie de Morlaix-Lanmeur avait été concédée au vicomte de Léon par Alain III en 1034 [56] : c’est donc trop tôt de près de quarante ans. En outre, et il s’agit à notre avis d’un argument dirimant, lors de la donation déjà mentionnée de Plougasnou à l’abbaye Saint-Georges de Rennes en 1040, le vicomte Guyomarc’h, pourtant bien attesté aux dates extrêmes 1021-1055 [57], ne figure pas parmi les souscripteurs ou les témoins de l’acte en question. Or cette donation, à laquelle assiste d’ailleurs l’évêque de Léon, Salomon, à l’exclusion de celui de Tréguier, Guillaume, concerne une paroisse qui aurait dû évidemment faire partie de la concession de 1034, si celle-ci avait quelque réalité ; paroisse où le souvenir de la domination ultérieure de la maison de Léon se retrouve assez sûrement dans le toponyme Kervescontou, « la ville aux vicomtes » [58].
En revanche le terminus ad quem de cette concession ducale ne peut être évidemment abaissé en deçà de la date de son annulation par l’effet de la confiscation de 1179, laquelle a effectivement porté sur les deux châtellenies de Morlaix et de Lanmeur qui ne semblent plus ensuite être jamais sorties du domaine ducal. Cette confiscation ordonnée par le duc Geoffroy est alors venue mettre un terme presque définitif à plus de dix années de rébellion du vicomte Guyomarc’h : dès 1167, Henri II Plantagenêt lui avait pris et incendié son château le mieux défendu, dont le nom était sans doute peu familier au chroniqueur puisque celui-ci, Robert de Torigni, omet de le rapporter [59] — et qui peut tout aussi bien avoir été celui de Beuzit en Lanmeur, où des fouilles archéologiques apporteraient certainement d’importantes révélations.

§ 4. – Lanmeur, une ‘capitale’ pour un royaume mythique
Quoi qu’il en soit, l’importance ancienne de Lanmeur ne peut être mise en doute. Vraisemblablement encouragée par les comtes de Rennes, devenus souverains de la Bretagne, et leurs cadets de Penthièvre, qui furent largement possessionnés en Trégor ; puis ’retournée’ à leur profit par les comtes de Cornouaille à l’occasion de leur accession au trône de Bretagne après la mort de Conan II (1066), la réputation du lieu était fameuse dès avant la première moitié du XIIe siècle, époque à laquelle le scriptorium de l’abbaye de Redon a fonctionné régulièrement comme une fabrique de faux : c’est en effet une pièce grossièrement apocryphe sortie de cet ‘atelier’ qui prétend nous montrer en l’année 804 le comte Juhel Berenger tenant sa cour dans la paroisse de Lanmeur-Melar [60], in plebe que vocitatur Lanmurmeler [61]. Nul doute que cette importance reconnue à Lanmeur était la conséquence de la présence en ce lieu des reliques de saint Melar. En effet l’auteur de la *vita Ia du petit martyr laisse entendre, notamment dans l’appendix qu’il a donné à son ouvrage, qu’à l’époque de sa composition, le corps et la tête de Melar, ou du moins leur plus grande partie, étaient conservées à Lanmeur, — ce dont nous n’avons pas vraiment de raison de douter ; en outre, il rappelle opportunément que, non content d’être l’héritier légitime de Cornouaille, le jeune prince avait été désigné formellement par son oncle le « comte » Commor comme son successeur dans cette partie de Domnonée appelée pagus Castelli. Ainsi le possible choix de Lanmeur comme capitale ’affective’ des souverains de la Bretagne depuis le XIe au moins jusqu’aux premières décennies du XIIIe siècle, comme le montre l’intérêt que lui porte encore Pierre Mauclerc, résulte sans doute de la captation d’un certain nombre de traditions locales extrêmement flatteuses, tout à la fois d’origine religieuse et d’origine ’politique’, avec le tombeau de l’héritier sanctifié de l’ancien royaume de Cornouaille et le possible mausolée des vieux rois domnonéens [62], avec également la très probable sépulture de Commor, non loin du castellum de Beuzit, au lieu-dit Rumarc, *Run Marc, « le tumulus de Marc » [63] — le tout revivifié, précisément au début du XIIIe siècle, par la destinée tragique d’un autre prince breton, Arthur Ier, lui aussi assassiné dans sa quinzième année sur ordre d’un oncle qui avait usurpé son héritage, le roi Jean sans Terre. Les évêques de Léon, ceux de Tréguier ou encore de Dol, ne se sont pas non plus trompés sur l’intérêt que présentait Lanmeur, jusqu’à laisser se développer sur place, à partir de vestiges archéologiques interprétés comme les sépultures d’anciens prélats, la légende locale d’un siège (archi)épiscopal [64].

II

§ 5. – Origines de la vicomté du Faou et de ses seigneurs
Au moment de leur accession au trône ducal en 1066, les comtes de Cornouaille, dont nous savons qu’ils pouvaient désormais compter parmi leurs alliés les vicomtes de Léon, avaient délégué à un lignage de « fidèles », qualifiés eux aussi vicecomites, la garde de plusieurs châteaux comtaux, notamment celui de Châteaulin, qui sans doute avait été jadis le berceau de la nouvelle dynastie souveraine de Bretagne [65] : voici donc, par cet « ensaisinement », que monte en puissance, à partir du dernier tiers du XIe siècle, un lignage féodal, celui des anciens vicomtes de Cornouaille [66], lequel en profite pour se tailler entre l’Élorn et l’Aulne une petite principauté, celle du Faou, dont il finira par prendre le nom ; celui-ci est une « forme mutée et altérée du vieux breton pou, de pagus, « pays », et fait référence au Poher (Poucaer, « le pays du castrum ») dont le pays du Faou avait assurément été partie intégrante [67].
Faute de documentation, la liste nominative des autres forteresses qui ont constitué les différents points d’appui de cette maison n’a pas été dressée de façon exhaustive : le nom de Châteauneuf-du-Faou s’impose de lui-même, mais il est très évidemment tardif ; celui de La Roche-Maurice est également assuré si l’on en croit la plupart des auteurs qui ont abordé la question et qui reconnaissent dans l’anthroponyme Maurice la francisation abusive du breton Morvan porté par plusieurs membres du lignage en question [68]. Il faut sans aucun doute ajouter à cette courte énumération le château de Daoulas qui, tout comme La Roche-Maurice et vraisemblablement pour les mêmes raisons, raisons que nous allons examiner plus bas, figura ensuite dans le patrimoine des vicomtes de Léon, quand bien même les dates — 1173 pour Daoulas [69], 1263 pour La Roche-Maurice [70] — auxquelles est attestée cette possession léonaise sont relativement distantes l’une de l’autre.
Pour les XIe et XIIe siècles, la généalogie des anciens vicomtes de Cornouaille, devenus par la suite vicomtes de Châteaulin puis enfin vicomtes du Faou, est très difficile à établir : la rapide reconstitution que nous en proposons est essentiellement basée sur les apports de l’anthroponymie et de la prosopographie [71]. On a vu plus haut que le nom Morvan pouvait constituer un marqueur dynastique et il en va de même avec Ehuarn : on trouve en effet Ehuarn (I) vicomte, cité au début du XIe siècle [72], père de Morvan (I) vicomte, cité au milieu du XIe siècle [73], lui-même père d’Ehuarn (II), cité dans le dernier tiers du XIe siècle [74]. D’autres anthroponymes paraissent avoir fait également partie du patrimoine onomastique de cette famille : ainsi en est-il de Gradlon et de Rivallon.
Notre source essentielle est constituée par les cartulaires cornouaillais (Landévennec, Quimperlé et Quimper). Il a fallu également explorer, pour bien peu de résultats en vérité, les recueils d’actes anciens de l’histoire de Bretagne, en particulier celui de dom Morice déjà mentionné. Mais enfin cette documentation nous permet de supposer avec suffisamment de probabilité quelle fut la succession des principaux membres de la maison féodale dont il est ici question. Paradoxalement, le vide généalogique qui demeure encore à remplir, et qui court sur plus d’un siècle, concerne la période tardive de l’âge féodal et se situe postérieurement à l’époque que nous étudions, précisément entre 1219 et 1338. En outre, nous avons eu recours plusieurs fois au nécrologe de l’abbaye de Landévennec dont la fiabilité paraît assurée.
La généalogie en question est d’autant plus difficile à reconstituer que les différents mâles de cette maison ont pu porter indistinctement le titre vicomtal — du moins quand ce titre était revendiqué car sa désuétude passagère paraît très vraisemblable — et ce quel que fût leur positionnement familial (cadet aussi bien qu’aîné) ; nous observons cet usage également chez les vicomtes de Léon, en particulier au moment de la scission entre leurs deux branches principales à la fin du XIIe siècle.
Nous ne savons rien des différentes unions contractées par les membres de la famille qui dominait le pagus du Faou et là encore c’est le recours aux règles qui prévalent en matière d’anthroponymie féodale qui permet de supposer des liens matrimoniaux tissés très tôt avec la lignée vicomtale de Léon : au tout début du XIIe siècle en effet, l’un des fils d’Ehuarn (II) s’appelle Guyomarc’h [75], nom qui fait partie du patrimoine onomastique de cette lignée ; et ce Guyomarc’h est d’ailleurs le frère d’un certain Gradlon (I) qui en 1128, le premier de la liste juste après l’évêque de Léon, Galon, est cité en qualité de témoin dans une charte donnée en faveur des moines de Marmoutier par Hervé, vicomte de Léon [76]. Il est remarquable que les deux noms Gradlon et Guyomarc’h avec le même lien de parenté qui unit ceux qui les portent se retrouvent dans le roman de Chrétien de Troyes, Erec et Enide, composé vers 1170 [77] aux vers 1948-1954 [78] :
Graislemiers [Gradlon meur] de Fine Posterne
I amena compaignons vint
Et Guilemers [Guyomarc’h] ses freres i vint
De l’ile d’Avalon fu sire [79] ;
De Cestui avons oï dire
Qu’il fu amis Morgain [Morgane] la fee
Et ce fu veritez provee.
Par ailleurs, une union avec une fille de la maison vicomtale de Porhoët semble pouvoir être extrapolée à partir du constat que les deux frères qui sont qualifiés vicomtes de Châteaulin durant le deuxième tiers du XIIe siècle portaient respectivement les noms Eudon et Alain ; c’est sans doute cette alliance, si elle a bien existé, qui est à l’origine de la revivification du titre dans le lignage cornouaillais.

§ 6. – Une guerra féodale méconnue : le conflit de 1163 entre cornouaillais et léonards
Quoi qu’il en fût des liens de parenté qui unissaient les deux maisons vicomtales de Léon et de Cornouaille et qui ont pu être encore renforcés par le mariage, vers 1160, de Guyomarc’h de Léon, avec Noble [80] ; ou plutôt du fait précisément de tels liens de parenté, qui engendrent jalousie et agressivité, les rapports entre ces deux dynasties féodales s’étaient alors particulièrement tendus et, en 1163 — c’est la date donnée par le chroniqueur Guillaume le Breton [81], qui écrit, peut-être à partir de souvenirs de sa toute petite enfance, près d’un demi-siècle après les événements dont il va être question, — Hervé « comte de Léon » (Herveus comes Leonie) fut capturé par ruse (dolo captus fuit) en même temps que son fils Guyomarch (cum Guidomaro filio suo) par celui que Guillaume le Breton désigne, de façon anachronique, « vicomte du Faou », lui-même assisté de son frère et de son fils (Vicecomes vero Fagi cum fratre et filio suo qui dolum illum fecerant). Le comte Hervé et Guyomarc’h furent alors emprisonnés à Châteaulin (retrusi sunt in carcerem apud Castellum Lini) dont vinrent faire le siège les troupes levées par l’évêque de Léon, Hamon. Ce dernier était lui aussi le fils du comte Hervé, mais son intervention militaire revêtait un caractère tout aussi largement politique que strictement filial ; d’ailleurs Hamon avait reçu en la circonstance l’appui du duc Conan en personne et une telle participation ne peut pas avoir eu lieu sans quelque arrière-pensée de la part du souverain [82]. Le château assailli et enlevé, les prisonniers furent libérés (castro itaque oppugnato et per vim capto, liberati sunt inde comes Herveus et filius ejus). Guillaume le Breton ne nous donne pas les noms des ravisseurs dont le pouvoir vicomtal s’exerçait à Châteaulin : il nous indique seulement que ceux-ci furent à leur tour incarcérés, à Daoulas où ils moururent de faim et de soif (incarcerati sunt apud Douglasium et fame et siti interire coacti). Cette dernière précision est essentielle parce qu’elle permet d’identifier le vicomte du Faou et son frère avec les personnages qui sont ainsi mentionnés dans le nécrologe de l’abbaye de Landévennec :
V idus Augusti obierunt vicecomites Eudo et Alanus fratres de Castrolini, anno M° C° LX° II° [83].
Les vicomtes de Châteaulin ayant ainsi perdu, avec la vie, la saisine de leur principale forteresse, qui rentra dans le domaine ducal, se qualifièrent désormais vicomtes du Faou, du nom du territoire qu’ils contrôlaient ; et c’est sous cette désignation qu’ils sont connus de Guillaume le Breton au début du XIIe siècle. Le premier d’entre eux, Gradlon (II), vraisemblablement le petit-fils du personnage du même nom mentionné au § 5, est mort en 1184 comme l’atteste le nécrologe de Landévennec [84]. Son successeur se nommait Morvan (II) : il est cité le premier des barons de Constance de Bretagne auxquels sont rapportés les résultats d’une enquête sur les droits de la duchesse à Quimper à la fin du XIIe siècle [85]. Sa mort en 1218 [86], en Terre sainte où il s’était croisé en même temps que le vicomte de Léon, son beau-frère, est mentionnée par Guillaume le Breton parce que, selon le chroniqueur, ce décès fut la cause de celui, accidentel et indigne, du vicomte de Léon, lequel, pressé de s’emparer de la terre de son parent au détriment d’ailleurs de l’héritier légitime, fit naufrage durant le voyage de retour [87].

§ 7. – Conséquences du conflit de 1163 sur l’organisation féodale locale
Les vicomtes de Léon, présentés comme les victimes des agissements des ex-vicomtes de Châteaulin, obtinrent un dédommagement très substantiel sous forme de la commise d’une partie du fief de leurs agresseurs. Le territoire ainsi soustrait à la domination de ceux-ci pour être placé sous le contrôle de ceux-là est assez facilement identifiable : il s’agit de la partie du pagus du Faou comprise entre les limites naturelles formées par l’Élorn au nord et par le Camfrout au sud, le tracé méridional étant prolongé artificiellement vers l’est par le « chemin du comte » dont
l’appellation se rapporte au seigneur de Léon acteur de la guerra de 1163 ; et tout le territoire confisqué à son profit, dans lequel étaient inclus les châteaux de Daoulas et de La Roche-Maurice, ne devait plus sortir du patrimoine féodal de la maison de Léon, et plus particulièrement de celui de sa branche cadette qui l’apporta finalement à la maison de Rohan dans la seconde moitié du XIVe siècle.
Hervé, comte de Léon, a donc réalisé à cette occasion une excellente opération, sans doute conforme aux objectifs que ce puissant baron s’était fixés. Son courage et son talent militaires, un peu à l’étroit dans sa vicomté, lui avaient valu, dans la situation conflictuelle qui fut celle de l’Angleterre après la mort du roi Henri Ier Beauclerc, l’amitié du roi Etienne de Blois et l’admiration du roi Henri Plantagenêt [88] : Hervé en effet avait combattu pour le premier — dont il avait épousé une fille et qui lui fit confier en 1140 la garde du château de Devizes [89], chef-lieu du
comté de Wiltshire — contre les partisans du second. C’est de cette épopée insulaire, dont la fin en 1141 fut au demeurant assez malheureuse [90], qu’il avait ramené son titre comtal, une réputation de bravoure et un coup qui l’avait éborgné [91] ; également une épouse qui n’était peut-être rien de moins que la soeur du délicat poète Marie de France, dont le lai de Guigemar pourrait avoir été précisément composé à la cour vicomtale, pour relater les hauts faits historiques et légendaires de la maison de Léon sous le règne du duc Hoël [92].
Sa vie durant, le comte Hervé a nourri de grandes ambitions : son mariage avec une fille, même naturelle [93], du roi d’Angleterre, les importantes fonctions ecclésiastiques exercées par deux de ses fils [94], le titre comtal qui lui était reconnu par les plus hautes autorités de la chrétienté et notamment par le pape [95], — autant d’aspects qui démontrent la réalité d’une vraie réussite, dont son fils et successeur Guyomarc’h voudra être le continuateur, au travers de révoltes incessantes et finalement vaines contre le pouvoir Plantagenêt [96].

§ 8. – Conséquences du conflit de 1163 sur la géographie diocésaine du Léon et de la Cornouaille
Nous avons déjà fait état du rôle très actif joué par Hamon, évêque de Léon, dans la guerra de 1163 et souligné l’intérêt que lui témoignait personnellement le duc Conan dont il fut peut-être l’un des curiales, sinon même l’un des clercs de sa chancellerie [97]. Ce sont là sans doute, en même temps que la très probable ambition personnelle du prélat, les raisons qui sont à l’origine de l’extension de l’autorité de l’évêque de Léon au sud de l’Élorn ; mais le nouveau territoire diocésain ainsi conquis sur la Cornouaille n’a pas épousé les contours des terres confisquées sur les ex-vicomtes de Châteaulin par les vicomtes de Léon. Il s’agit plutôt d’un découpage arbitraire, au moins en apparence, effectué au travers du maillage paroissial ancien.
Ainsi, en rejetant en Léon Ploudiry — dont le territoire originel, lové dans une grande boucle de l’Élorn, était fermé au sud par une ligne approximativement tracée de Landerneau à Sizun [98] — ce découpage a sans doute écorné le nord-est de la grande « paroisse du château », Plougastel, essentiellement comprise entre l’Élorn et le cours inférieur de la Mignonne [99].
De même, il a certainement coupé en deux la très ancienne paroisse d’Irvillac, d’origine gallo-romaine, rattachant au Léon les « terroirs » (treb-, ou trev-, en vieux breton) correspondant aux « quartiers » de Tréflévénez, Tréveur et Le Tréhou [100].
Enfin, en empiétant une nouvelle fois sur le territoire originel d’Irvillac, mais surtout sur celui de l’immense plebs montis, *Ploumenez, « la paroisse de la montagne » aujourd’hui disparue, dont le nom est conservé par le village de Plouenez en la commune de Brennilis [101] ce découpage a permis à Sizun de s’étendre largement au sud de l’Elorn jusqu’à la limite formée par le « chemin du comte ». Le nom de Lestrémélar, village de l’actuelle commune de Sizun, avec une fontaine placée sous la protection de saint Melar nous a heureusement conservé le nom spécifique du « quartier » de *Ploumenez qui a ainsi passé en partie sous le contrôle de l’évêque de Léon. Comme Lestrégunc en l’actuelle commune de Trégunc, Lestrémélar est en effet formé à partir du toponyme *Tremelar, dont il perpétue le souvenir, auquel on a adjoint le préfixe les-, du vieux breton lis « résidence, cour seigneuriale » : peut-être s’agissait-il du ‘château’ d’un aristocrate local, propriétaire d’un domaine foncier appelé *Tremelar dès l’époque protoféodale. En tout état de cause le nom *Tremelar — qui renvoie une nouvelle fois au dossier hagiographique mélarien [102] — a disparu parce qu’il ne s’appliquait pas à un lieu-dit à proprement parler mais à tout un « quartier » ; et que cette véritable entité a été démembrée au moment où la paroisse léonarde stricto sensu de Sizun a étendu, comme il vient d’être dit, son emprise territoriale au sud de l’Élorn.
Ce débordement, qui est aussi le débornement, du Léon peut être daté du ‘règne’ du comte Hervé, comme nous en avons émis l’hypothèse, et plus précisément des années immédiatement postérieures à la guerra qui avait opposé en 1163 les vicomtes de Léon aux ex-vicomtes de Châteaulin. Cette hypothèse répond d’ailleurs à la condition nécessaire (mais non suffisante) qu’aucune pièce d’archive antérieure à cette date ne localise déjà en Léon les paroisses ultérieurement léonardes situées au sud de l’Élorn ; elle implique un découpage tardif et arbitraire à travers le maillage paroissial du pagus du Faou, découpage dont témoignent effectivement les vestiges de structures territoriales antérieures. Elle s’accorde enfin avec l’importance reconnue à cette époque à la maison de Léon, dont les membres occupaient alors non seulement l’office vicomtal, mais aussi le siège épiscopal de Saint-Pol-de-Léon et la dignité abbatiale d’un monastère qui était peut-être Saint-Mathieu-de-Fineterre.


[1H. Guillotel, « Les vicomtes de Léon aux XIe et XIIe siècles », dans Mémoires de la Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, t. 51 (1971), p. 40.

[2B. Tanguy, « La Bretagne finistérienne féodale (XIe-XIIIe siècle) », dans Le Finistère de la préhistoire à nos jours [sous la dir. d’Y. Le Gallo], Saint-Jean-d’Angély, 1991, p. 116.

[3H. Guillotel, « Les vicomtes de Léon aux XIe et XIIe siècles », p. 35-36.

[4L’observation des ressorts des différentes juridictions royales tels que nous les fait connaître par exemple le précieux rapport de Colbert de Croissy, permet de se faire une idée assez exacte des limites des anciennes châtellenies auxquelles ces juridictions avaient succédé au Bas Moyen Age. C’est notamment le cas pour celle de Lannion, Morlaix et Lanmeur : il paraît assez clair que l’ensemble formé par ces deux dernières, limité à l’ouest par le Queffleuth et la rivière de Morlaix, était globalement séparé de la première par le Douron ; tandis qu’au sein de l’ensemble en question le Dourduff constituait la frontière entre le ressort de Lanmeur et celui de Morlaix. Ce dernier cependant englobait, à l’est du Douron, la paroisse de Plouégat-Moysan ; et revendiquait également Botsorhel et Guerlesquin que lui disputait la juridiction de Guingamp. Toujours à l’est du Douron, Morlaix revendiquait Plouzélambre et Saint-Michel-en-Grève que lui contestait le siège royal de Lannion, ainsi que Ploumilliau et Trédrez qui furent le plus souvent rangées dans le ressort de ce dernier.

[5B. Tanguy, « La Bretagne finistérienne féodale », p. 116.

[6B. Tanguy, « La Bretagne finistérienne des saints et des comtes (VIe-Xe siècle) », dans Le Finistère de la préhistoire à nos jours [sous la dir. d’Y. Le Gallo], Saint-Jean-d’Angély, 1991, p. 92-93.

[7Juzet filia Hervei filii Encusii dedit decimam et glebam de villa Gleu in Ploederi (Dom H. Morice, Mémoires pour servir de preuves à l’histoire... de Bretagne, t. 1, Paris, 1742, col. 669). — La charte non datée est passée par Gaufridus, évêque de Quimper : elle détaille les différentes donations faites à l’abbaye par la dynastie vicomtale de Léon (Guidomarus, sa femme Nobilis, ses fils Guidomarus et Herveus) ; mais aussi par des donateurs plus modestes dont cette Juzet. — La critique interne permet de rapporter la charte aux années 1168-1179 ; la date précise 1173 est donnée par une ‘chronique de Daoulas’ conservée dans le cahier de notes de Le Baud (ms. Rennes, Arch. dép. d’Ille-et-Vilaine, 1 F 1003).

[8H. Guillotel, « Les vicomtes de Léon aux XIe et XIIe siècles », p. 39.

[9H. Guillotel, « Le dossier hagiographique de l’érection du siège de Tréguier », dans Mélanges Léon Fleuriot, Saint-Brieuc-Rennes, 1992, p. 221-222.— Cet auteur qualifie la rédaction en question de « version ultérieurement falsifiée » de l’acte original de 1040.

[10Localisation proposée par A. de Barthélemy après F. Luzel.

[11Localisation proposée par A. de La Borderie.

[12Localisation proposée par L. Le Guennec et R. Couffon. — En 1294 le Poastel était aux mains de Roland de Dinan, par ailleurs le mari d’Anne de Léon ; mais dès 1263 le grand-père de ce même Roland, autre Roland de Dinan, était possessionné en la paroisse de Plougasnou sous le fief de l’abbaye de Saint-Georges de Rennes. Pour R. Couffon l’ancienneté de la présence des Dinan en ces parages — qu’il déduit de la mention en qualité de témoin d’un certain Costulinus [=Jostulinus] de Dinan dans une copie du XVe siècle de l’acte de donation de Plougasnou à Saint-Georges de Rennes en 1040 — et l’étendue de leurs possessions territoriales dans tout l’ancien pagus Castelli sont des indices suffisants pour conclure à la situation du chef-lieu du fief de Poastel au Castel Dinan en Plouigneau.

[13Dans le paragraphe 1f (texte P) de notre édition de la *vita Ia de saint Melar : Le dossier hagiographique de saint Melar. Textes, traduction, commentaires, s.l. [Lanmeur/Landévennec], 1997 (Britannia monastica, 5).

[14Deunff (J.), « Le site du Castel Veuzit et la pierre de saint Mélar en Lanmeur », dans Cahiers de l’Iroise, t. 28 (1981), p. 204-209 ; P. Guigon, « Les résidences aristocratiques de l’époque carolingienne en Bretagne : l’exemple de Locronan », dans Mémoires de la Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, t. 69 (1992), p. 10-11. — A l’extrême fin du XIIIe siècle les terres de La Boissière paraissent avoir été possédées par une famille du Parc sous le fief d’Even, seigneur du Pontou ; puis, dès avant le premier quart du XIVe siècle, elles étaient passées aux mains de la famille de Lanmeur avec ou sans solution de continuité.

[15Il est en effet possible qu’elle soit postérieure à la mise au net de la ’fable de Lexobie’, donc à la Vita IIIa Tudualis puisqu’elle mentionne un pagus Civitatis, visiblement inspiré de cette légende et tellement encombrant que A. de La Borderie avait choisi, contre toute vraisemblance, de l’identifier au Poher. — Il n’est évidemment pas possible non plus de retenir le témoignage de la vita de saint Menou : celle-ci nous montre le saint majorem Britanniam relinquens, passant la mer ad minorem, in provinciam civitatis quae ab antiquis Oximorum nuncupatur ; certes l’équivalence provincia/pagus est parfaitement admissible, mais pour comprendre *in pagum civitatis dans in provinciam civitatis, il faudrait isoler cette dernière désignation de son contexte au prix d’un contresens évident. — Sur cette approche de la chronologie des Vies anciennes de saint Tugdual, voir notre article, « L’évêché de Lexobie et l’archidiaconé de Plougastel », dans Trégor Mémoire vivante, n° 7 (2e semestre 1994), p. 5-6.

[16Cette appellation Daoudour se retrouve d’ailleurs dans les chartes léonardes du XIIIe siècle pour désigner l’archidiaconé de Léon (Dom H. Morice, Preuves de l’histoire de Bretagne, t. 1, col. 1048).

[17Mémoires de la Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, t. 10 (1929), p. 87-88.

[18H. Guillotel, « Les vicomtes de Léon aux XIe et XIIe siècles », p. 42-43.

[19H. Guillotel, « Les vicomtes de Léon aux XIe et XIIe siècles », p. 43.

[20A. de La Borderie, [[Nouveau recueil d’actes inédits des ducs et princes de Bretagne (XIIIe et XIVe siècles)

[21A. de La Borderie, « Recueil d’actes inédits des ducs et princes de Bretagne (XIe, XIIe, XIIIe siècles) », dans Mémoires de la Société archéologique d’Ille-et-Vilaine, t. 19 (1889), p. 235.

[22Bulletin de la Société archéologique de Nantes, t. 7 (1867), p. 194.

[23J. Geslin de Bourgogne et A. de Barthélemy, Anciens évêchés de Bretagne, t. 4, p. 162.

[24H. Guillotel, « Le dossier hagiographique... de Tréguier », p. 215. — Cette datation est néanmoins un peu large et mériterait d’être resserrée.

[25A. de La Borderie, Nouveau recueil d’actes inédits..., p. 34 et 37.

[26A. de La Borderie, Nouveau recueil d’actes inédits..., p. 37

[27H. Guillotel, « les origines du ressort de l’évêché de Dol », dans Mémoires de la Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, t. 54 (1977), p. 38.

[28H. Guillotel, « les origines du ressort de l’évêché de Dol », p. 42.

[29A l’époque de la compilation du cartulaire de Landévennec, vers le milieu du XIe siècle, les moines de cette abbaye ne paraissent pas douter de la légitimité de leurs droits sur une possessiuncula appelée villa Lancolvett (pour *Lancovlett) et qui n’est autre que Locquénolé. Or dès 1163, cette petite fondation monastique était passée — tout comme Lanmeur — aux moines de Saint-Jacut qui la désigne ecclesiam sancti Guingaloei.

[30Dom H. Morice, Mémoires pour servir de preuves à l’histoire... de Bretagne, t. 1, col. 628. — Le toponyme indiqué dans cette pièce, Murmiralio, a été identifié avec Lanmeur Melar par B.-A. Pocquet du Haut-Jussé dans Mémoires de la Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, t. 8 (1927), p. 217 et suiv.

[31H. Guillotel, « Le dossier hagiographique... de Tréguier », p. 223.

[32On a vu plus haut que le pagus Castelli était évidemment le même que l’archidiaconé de Poucastel ou de Plougastel, connu depuis le milieu du XIIIe siècle au moins et jusqu’à la fin de l’Ancien Régime et qui couvrait tout le territoire entre la rivière de Morlaix et le Léguer.

[33L’auteur de la Vie brève de saint Tugdual occulte d’ailleurs toute référence à un quelconque siège épiscopal sur tout le littoral nord de la péninsule bretonne, où le saint reçoit dans chacun des différents pagi de nombreuses donations dont il obtient confirmation à Paris par le roi Childebert, lequel en outre le fait consacrer évêque.

[34P. de La Bigne-Villeneuve, Cartulaire de Saint-Georges de Rennes, Rennes, 1876, p. 118-119.

[35H. Guillotel, « Le dossier hagiographique... de Tréguier », p. 219.

[36Seule version aujourd’hui subsistante (conservée dans un manuscrit du XIIe siècle) : A. de La Borderie, « Saint Tudual. Texte des trois Vies les plus anciennes de ce saint et de son très-ancien office publié avec notes et commentaire historique », dans Mémoires de la Société archéologique des Côtes-du-Nord, 2e série, t. 2 (1886-1887), p. 339-341, à propos de cette mention de Lexovium, s’était efforcé de démontrer qu’il y avait eu interpolation, mais ses arguments quoique recevables ne sont nullement dirimants. B. Merdrignac, Recherches sur l’hagiographie armoricaine du VIIe au XVe siècle, t. 1, s.l., 1985, p. 59-60, pense lui aussi que cette version a été remaniée, et la compare à une autre, depuis détruite, où ne figurait pas, semble-t-il, le texte prétendument interpolé ; mais H. Guillotel (« Le dossier hagiographique... de Tréguier », n. 7, p. 214-215) montre de façon péremptoire que cette rédaction disparue était en réalité une version contractée tardive (XVe siècle) de la vita.

[37L’objectif de l’auteur de la Vita IIIa Tudualis aurait été, d’après H. Guillotel, « Le dossier hagiographique... de Tréguier », p. 221, « de présenter comme identiques les deux entités territoriales afin d’empêcher l’évêque de Saint-Pol de Léon de revendiquer les paroisses s’étendant à droite de la rivière de Morlaix ». Un épisode rapporté par l’hagiographe (A. de La Borderie, « Vies anciennes de saint Tudual », p. 116 [§ 34]) nous montre l’évêque Martin (qui siégeait dans la seconde moitié du XIe siècle) effectuant une visite pastorale dans le pagus Castelli et en particulier dans la paroisse de Plouigneau, à l’extrême limite occidentale de son diocèse, où un incendie est miraculeusement éteint par la vertu des reliques de saint Tugdual.

[38A. de La Borderie, « Vies anciennes de saint Tudual », p. 104 (§ 16).

[3939 Un des itinéraires possibles pour se rendre de l’un à l’autre se dirigeait, après Lanmeur, vers l’actuel port du Dourduff en mer pour embarquer à destination du lieu-dit actuel Saint-Julien, sur la rive gauche de l’estuaire de la rivière de Morlaix. Cet itinéraire à la fois terrestre et maritime correspondait à la desserte routière de la côte domnonéenne. — A partir de l’époque féodale, le chemin du Tro Breiz se désolidarisait, au sortir de Lanmeur, de l’itinéraire précédent et se dirigeait vers Morlaix ; puis, après avoir passé le Queffleuth et le Jarlot au pied de la citadelle dont les vicomtes de Léon avaient fait le chef-lieu de leur principauté, le chemin du Tro Breiz rejoignait (à la croix Briac en Taulé ?) l’itinéraire emprunté par les pèlerins venus de Quimper ; à partir de là cet itinéraire se dirigeait vers Saint-Pol de Léon via Penzé et Pont-Eon.

[40Cette identification a été proposée de manière très convaincante par B. Tanguy dans son article « De quelques gloses toponymiques dans les anciennes Vies de saints bretons », Mélanges Léon Fleuriot, Saint-Brieuc-Rennes, 1992, p. 230.

[41A. de La Borderie, « Vies anciennes de saint Tudual », p. 103 (§ 14), p. 106 (§ 18), p. 107 (§ 20).

[42Dans le paragraphe 1f de notre édition de la *vita Ia du saint (cf. supra n. 13) on trouve les détails suivants : Tunc ejus nutrix celeriter cum eo fugit usque in Domnoniam, in pago Castelli, in castellum quod vocatur Boxidus ubi erat amita vel matertera illius filia Fortunati cum Commoro comite ; ibique ab eo et a conjuge sive a familia cum honore est susceptus letatusque est in adventu et obviatione illius, et cum gaudio dixit ad eum : « dabo tibi pagum castri ubi sum usque sis vir magnus ad nutriendum te » (texte P). — Nutrix autem ejus verens ne innocens a nocentibus occideretur, interim dum conjux ejus apud Rivoldum [un mot partiellement illisible : ...retur], de Cornubia cum alumno suo in Dompnoniam fugit, ubi ejus amita filia Budici cum Commoro comite viro suo morabatur in pago castelli sui quod Bocidus appellatur. In adventu vero illius Commorus comes et uxor ejus et ejus omnis familia valde laetati sunt ; et congratulans adventui ejus Commorus comes dixit ei : « castellum istud in quo nunc habito tibi dabo et donec ad maturam pervenias aetatem cum diligentia magna nutriri te faciam » (texte M).

[43J.-C. Cassard, « Houel Huuel, comte de Cornouaille puis duc de Bretagne (circa 1030-1084) », dans Bulletin de la Société archéologique du Finistère, t. 117 (1988), p. 108.

[44J.-C. Cassard, « Houel, comte de Cornouaille », p. 102 et n. 23.

[45J. Quaghebeur, « Stratégie lignagère et pouvoir politique en Cornouaille au XIe siècle », dans Mémoires de la Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, t. 68 (1991), p. 8.

[46L. Maître et P. de Berthou, Cartulaire de Quimperlé, p. 222, charte n° 75 (Hoel dux Britannie en 1075), p. 191, charte n° 54 (Hoel gratia Dei comes Britannie en 1069), p. 188, charte n° 52 (Hoel Britannorum consul en 1069). — J.-C. Cassard, « Houel, comte de Cornouaille », p. 107, souligne avec raison combien la qualité de consul était « prisée dans la maison de Cornouaille, mais pas exclusivement puisqu’on la retrouve volontiers affichée en Anjou ».

[47J.-C. Cassard, « Houel, comte de Cornouaille », p. 103.

[48Sur les Eudonides voir la mise au point de H. Guillotel, « Les origines de Guingamp. Sa place dans la géographie féodale bretonne », dans Mémoires de la Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, t. 56 (1979), p. 93-100 ; il n’est pas prouvé que la femme d’Eudon, Orguen alias Agnès, ait été la soeur d’Alain Caignard et donc la tante de Hoël.

[49P. Peyron, Cartulaire de Quimper, p. 37, acte n° 13 (postérieur à 1066 ; rapporte des événements antérieurs à 1058) ; L. Maître et P. de Berthou, Cartulaire de Quimperlé, p. 137, charte n° 3 et p. 147-148, charte n° 9. La datation de ces deux pièces par leurs éditeurs, respectivement 1030-1031 et 1031-1055 a été rectifiée par H. Guillotel, « Les vicomtes de Léon aux XIe et XIIe siècles », qui propose entre 1046 et 1055 pour la charte n° 3 (art. cit., p. 34-35, et n. 30 à 32) et entre 1047 et 1055 pour la charte n°9 (art. cit., p. 35 et n. 33).

[50L. Maître et P. de Berthou, Cartulaire de Quimperlé, p. 191-192, charte n° 54. — Comme en ce qui concerne la maison de Dinan (cf. L. Massignon, La crypte-dolmen des Sept Saints Dormants d’Ephèse au Stiffel en Plouaret, puis Vieux-Marché, tiré-à-part des Mémoires de la Société d’émulation des Côtes-du-Nord, 1992, p. 30), le nom Roland a pu être introduit dans celle de Léon sous l’influence de l’abbaye de Marmoutier ; d’ailleurs des liens ont été tissés dès vers 1034-1040 entre les vicomtes de Léon et Marmoutier et renforcés en 1128 par une nouvelle donation vicomtale à l’abbaye tourangelle (B. Tanguy, Saint Hervé, s.l. [Tréflévénez], 1990, p. 25). — H. Guillotel, « Les vicomtes de Léon aux XIe et XIIe siècles », p. 35, ne relève pas le nom de Roland et se contente d’indiquer que la charte en question « signale simplement la présence de primates originaires du Léon dans l’entourage du comte » ; J.-C. Cassard, « Houel, comte de Cornouaille », p. 114, qui s’appuie sur cet article de H. Guillotel, en conclut un peu rapidement que « Hoël essaye également de débaucher des seigneurs du confins du Vannetais et du Léon, ce qui n’empêche pas les vicomtes de cette dernière région d’affirmer leur complète indépendance ».

[51Lais de Marie de France traduits, présentés et annotés par Laurence Harf-Lancner, 2e éd., Paris, 1992, p. 28, v. 51-52. — On a récemment proposé d’identifier Marie de France avec Marie, comtesse de Boulogne, qui fut mariée à Mathieu de Flandres et dont la soeur avait elle-même épousé Hervé, comte de Léon, de la famille de Guyomarc’h/Guigemar : voir Glyn S. Burgess and Keith Busby [éd.], The lais of Marie de France, s.l. [Londres], s.d. [1986], p. 19. Déjà en 1930, E. Hoepffner, dans Romania, t. 56, p. 16 et n. 3 même page, avait souligné que le récit des rapports entre une fée et un mortel, qui constitue la matière de la première partie de Guigemar (v. 1-534), repose « sur la tradition légendaire par laquelle une famille seigneuriale [celle des vicomtes de Léon] s’attribuait une origine surnaturelle ».

[52Ces détails de la vie du vicomte Guyomarc’h nous ont été transmis par dom Morice d’après les travaux antérieurs de Du Paz et Missirien : cf. Urvoy de Portzamparc, Généalogie de la maison de Trogoff, Vannes, 1900, p. 27-38, et R. Couffon, « Note sur la généalogie des seigneurs de Léon par le P. Du Paz », dans Bulletin de la Société archéologique du Finistère, t. 62 (1935), p. xli-xliv. Le Chronicon Britannicum (publié par dom H. Morice, Preuves de l’histoire de Bretagne, t. 1, col. 5) est beaucoup plus laconique : MCIII. Occisus est Guichomarius vicecomes Leonensium dolo. — Dans L’Intermédiaire des chercheurs et curieux, n° 456 (avril 1989), col. 395, J.-P. Guyomarc’h-Zoleski écrit, d’après des sources rapportées en vrac dans la même revue, n° 465 (février 1990), col. 126-129, que le vicomte Guyomarc’h, à l’occasion de sa participation à la première Croisade, « se distingue dans le désert syrien où il est fait prisonnier par l’émir Balak de Kharput. D’une femme de celui-ci, la princesse mède Fathim, il aura un fils Salomon. Trois enfants connus. Il meurt assassiné lors d’une révolte populaire en 1103 ».

[53J.-C. Cassard « Houel, comte de Cornouaille », p. 115.

[54En dehors des témoignages diplomatiques ou annalistiques, deux autres témoignages sont particulièrement intéressants parce qu’ils paraissent se rapporter à des événements situés en Bretagne septentrionale. Le premier témoignage est dans la lectio Va de la vita Ia de saint Maudez (A. de La Borderie, « Saint Maudez. Texte latin des deux Vies les plus anciennes de ce saint et de son très-ancien office avec notes et commentaire historique », dans Mémoires de la Société d’émulation des Côtes-du-Nord, t. 28 (1890), p. 204-205) : « Hoël encercle si bien des vassaux révoltés qu’ils ne peuvent assurer leur salut par la fuite et souffrent bientôt de la soif. Ils décident d’envoyer un écuyer puiser de l’eau à la fontaine de Saint-Maudez, mais l’homme endure des maux indicibles en portant sa charge au retour, car l’eau froide se réchauffe au point de lui paraître transformée en charbons ardents. Comprenant sa faute, il ramène alors le vase et son contenu à la fontaine ». La fontaine Saint-Maudez que J.-C. Cassard, « Houel, comte de Cornouaille », p. 116, auquel nous empruntons le résumé ci-devant, situe apparemment en Cornouaille, doit être en réalité localisée à proximité de Trévénou en Langoat, actuelle commune des Côtes-d’Armor, dans l’ancien évêché de Tréguier ; cette fontaine était d’ailleurs coutumière du phénomène de réchauffement de son eau (lectio VIIIa de la même vita de saint Maudez, A. de La Borderie, « Vies anciennes de saint Maudez », p. 207-208). — L’autre témoignage paraît pouvoir être extrait de ce qu’écrit Marie de France dans son lai de Guigemar : après avoir rappelé en cel tens tint Hoels la terre / sovent en pais, sovent en guerre, le récit fait longuement état de la guerre qui oppose Guigemar, fils du sire de Liün (= Guyomarc’h de Léon), vassal fidèle de Hoël, à un seigneur nommé Meriadu (= Meriadec) d’abord présenté comme un allié de Guigemar et dont le chastel vaillant e fort domine un port (Lais de Marie de France traduits, présentés et annotés par Laurence Harf-Lancner, 2e éd., Paris, 1992, p. 28 et 60-71) : c’est précisément la situation du castrum Meriadoci dans la vita de saint Goëznou [cf. A. de La Borderie, « L’Historia britannica avant Geoffroi de Monmouth et la Vie inédite de saint Goëznou », dans Bulletin de la Société archéologique du Finistère, t. 9 (1882), p. 228], que l’hagiographe localise à l’embouchure du fleuve Guilidona (= le Guiliec) dans la paroisse léonarde de Plougoulm, actuelle commune du Finistère où nul vestige archéologique non plus que toponymique n’a cependant gardé le souvenir de Meriadec et de son château. Et voir infra n. 58.

[55Cronicques des Roys, Ducs et Princes de Bretaigne armoricaine, Paris, 1638, p. 150

[56Histoire de Bretagne, t. 3, p. 10-12

[57H. Guillotel, « Les vicomtes de Léon aux XIe et XIIe siècles », p. 34-35.

[58C’est également en Plougasnou qu’il faut peut-être localiser le château du seigneur Meriadec dont le conflit avec Guyomarc’h de Léon a été rapporté par Marie de France : en effet Saint-Jean-du-Doigt, autrefois trêve de Plougasnou, portait originellement le nom de traon Meriadec, « le val de Meriadec », seul vestige toponymique qui ait gardé le souvenir de ce personnage dans la zone d’influence des vicomtes de Léon au XIIe siècle. Et voir supra n. 54.

[59H. Guillotel, « Les vicomtes de Léon aux XIe et XIIe siècles », n. 11, p. 32.

[60A. de Courson, Cartulaire de Redon, p. 257-258, charte n° 305. — Juhel Berenger florissait en réalité dans la seconde moitié du Xe siècle : il est l’ancêtre des souverains bretons de la maison de Rennes, et de leurs cadets de Penthièvre ; sa descendante la comtesse Havoise (morte en 1072) hérita en 1066 la principauté bretonne qu’elle transmit à son mari le comte de Cornouaille Hoël. La vita de saint Cunwal, que H. Guillotel (« Le dossier hagiographique... de Tréguier », p. 225) date du milieu du XIe siècle nous apprend que le comte Juhel avait confié au saint sa fille Penvean ainsi que la paroisse qui portait son nom, aujourd’hui Penvenan. — De fait la charte s’inspire sans doute d’un acte plus ancien, où il était peut-être question de la plebs magna, *Plumur (Pleumeur-Bodou) toujours en Trégor ; elle a été (re) composée au plus tôt après 1040 et sans doute même après 1081/1083.

[61Citation donnée d’après la restitution de H. Guillotel, Recueil des actes des ducs de Bretagne de la maison de Rennes, thèse inédite, Paris, 1973, p. 5.

[62P. Guigon, « Les fouilles d’avril 1985 à Lanmeur », dans Landévennec et le monachisme breton dans le haut Moyen Age. Actes du colloque du XVe centenaire de l’abbaye de Landévennec 25-26-27 avril 1985, s.l. [Landévennec], 1986, p. 241.

[63L. Fleuriot, Les origines de la Bretagne, 2e édition , Paris, 1982, p. 118.

[64L’évêché ou archevêché de Kerfeunteun est une invention tardive comme on l’a dit, mais les éléments traditionnels sur les tombeaux des deux évêques peuvent remonter à une époque très ancienne.

[65Dom M. Simon, L’abbaye de Landévennec de saint Guénolé à nos jours, s. l. [Rennes], 1985, p. 81.

[66Mlle J. Quaghebeur préfère les désigner plutôt vicomtes de Quimper ; mais leur ressort territorial était évidemment le comté où ils assistaient le comte quand celui-ci le réclamait. — Ces « fidèles » ne l’avaient pas toujours été : le vicomte Morvan était ainsi entré en conflit avec Alain Cainhiart ; mais ce dernier avait vaincu le rebellis, terme qui qualifie bien celui qui n’avait pas respecté le lien de fidélité qui l’unissait au comte. Sur tout cela voir J. Quaghebeur, « Stratégie lignagère et pouvoir politique en Cornouaille au XIe siècle », p. 7 et n. 6 bis ; p. 14 et n. 44.

[67B. Tanguy, « La Bretagne finistérienne des saints et des comtes », p. 92.

[68Opinion générale résumée par P. Kernévez, « Les châteaux du Léon au XIIIe siècle », dans Mémoires de la Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, t. 69 (1992), p.45.

[69Voir supra n. 7 les références de l’acte en faveur de l’abbaye de Daoulas avec comme principaux donateurs les membres de la famille de Léon : à cette occasion, ceux-ci statuerunt etiam ut canonicus qui celebrabit missam in capella castri Daoulas quotidie comederet in curia.

[70P. Kernévez, « Les châteaux du Léon au XIIIe siècle », p. 45.

[71Démarche déjà ébauchée par H. Guillotel, « Les vicomtes de Léon aux XIe et XIIe siècles », p. 37.

[72« Cartulaire de Landévennec », édité par R.F. Le Men et E. Ernault dans Mélanges historiques, t. 5, Paris, 1886, p. 573 (charte n°46) : Euhuarn vicecomes testis. La notice en question qui relate la donation de la paroisse d’Edern à l’abbaye de Landévennec date, d’après H. Guillotel, « Les vicomtes de Léon aux XIe et XIIe siècles », n. 49 p. 37, des années 1008-1019.

[73L. Maitre et P. de Berthou, Cartulaire de l’abbaye Sainte-Croix de Quimperlé, 2e édition, Rennes-Paris, 1902, p. 137 (charte n°3) : vicecomite Morvano ; p. 139 (charte 4) : Morvanus vicecomes. La datation de ces deux pièces falsifiées par le compilateur du cartulaire doit être abaissée au milieu du XIe siècle, époque certaine de la fondation de l’abbaye.

[74Cartulaire de l’abbaye Sainte-Croix de Quimperlé, éd. Maître et de Berthou, p. 182 (charte 46) ; figure parmi les témoins de cette charte datée vers 1066-1084 un certain Ehuarn filius Morvani vicecomitis.

[75Cartulaire de Landévennec, éd. Le Men et Ernault, p. 575 (charte n°50) : Guihomarc filius Ehoarn.

[76H. Guillotel, « Les vicomtes de Léon aux XIe et XIIe siècles », p. 48 : Gradilonus filius Ehoarni.

[77G. Hasenohr et M. Zink (sous la dir.), Dictionnaire des lettres françaises. Le Moyen Age, s.l. [Paris], 1992, p. 267.

[78Chrétien de Troyes, Romans [édités sous la dir. de M. Zink], s.l. [Paris], 1994, p. 122.

[79Pour mémoire signalons une piste possible d’identification de cette île d’Avalon cornouaillaise : un château du roi Guimarc’h est en effet attesté en 1425 sur l’île Chevalier, dans la rivière de Pontl’Abbé, et encore en 1732 sous le nom castel ar roue Guivarch. Voir à ce sujet G. Milin, Le roi Marc aux oreilles de cheval, Genève, 1991, p. 229-231.

[80La charte en faveur de l’abbaye de Daoulas mentionnée supra n. 7, vraisemblablement de l’année 1173 comme nous l’avons dit , indique à propos d’une terre appelée Forquilli — c’est-à-dire Forsquilly en la commune actuelle de Saint-Eloy, autrefois trêve d’Irvillac — que celle-ci est donnée par Guyomarc’h, sa femme Noble, ses fils Guyomarc’h et Hervé à l’abbaye de Daoulas ut miles qui eam terram tenebat et de terra illa homo vicecomitissae erat [c’est nous qui soulignons] similiter et homo abbatis esset, etc. En outre il est précisé que le vicecomes du Fou qui terram illam calumniabat postea Dei voluntate et ipse et fratres ejus et filii calumniam coram nobis dimiserunt, etc.

[81Gesta Philippi Augusti Guillelmi Armorici liber, dans Oeuvres de Rigord et de Guillaume le Breton publiées par H. F. Delaborde, t. 1, Paris, 1882 (Société d’histoire de France), p. 178.

[82De même en 1169 quand un conflit opposera Guyomarc’h, devenu vicomte de Léon, à son frère Hamon, Conan viendra à nouveau porter main-forte à ce dernier (Gesta Philippi Augusti..., t. 1, p. 178).

[83J.-L. Deuffic, « Nécrologe de Landévennec », dans Britannia Christiana, fascicule 3/1 (1983), p. 6 (notice n°68). — La date 1162 au lieu de 1163 est peut-être fautive, mais cette dernière, donnée par Guillaume le Breton, n’est pas non plus entièrement assurée.

[84Nécrologe de Landévennec, éd. Deuffic, p. 5 (notice n°33) : VIII kal. Maii, obiit Graslonus vicecomes de Fago frater noster, anno Domini M° C° LXXX° IIII°.

[85Chanoine P. Peyron, Cartulaire de l’église de Quimper, Quimper, 1909, p. 44 (charte n°14) : Morvano vicecomite de Fou.

[86Nécrologe de Landévennec, éd. Deuffic, p. 7 (notice n°88) : XII kal. Octobris obiit Morvannus vicecomes de Fago, anno Domini M° CC° XVIII°.

[87Gesta Philippi Augusti..., t. 1, p. 317-318. — Le fils de Morvan s’appelait Rivallon ; son décès sans millésime figure au nécrologe de Landévennec, éd. Deuffic, p. 4 (notice n°15) : XI kal. Martii obiit Rivallonius filius Morvani vicecomes. Ce personnage portait le même nom que l’abbé de Landévennec (Rivallonius de Fago), mort en 1216, également cité dans le nécrologe de Landévennec, éd. Deuffic, p. 7 (notice n°102), sans doute le frère de Morvan.

[88Guillaume de Malmesbury écrit dans son Historia novella (éd. K. R. Potter, Londres, 1955, p. 31) à propos de Herveus de Liuns : qui esset tante nobilitatis, tante supercilii, ut nunquam regi Henrico petenti animum indulserit in Angliam venire. In injuriam ergo regis Stephani redundare, pro cujus amore venerit, quod ei tanta vis illata sit.

[89Herveo Britoni, viro illustri et militari et genero regis, castellum [Divisa] commiserunt (Gesta Stephani, éd. K. R. Potter, Londres 1955, p. 71).

[90Comes etiam Herveus, gener regis, in castello quod Divisa dicitur, a simplici rusticorum plebe in unum se globum in malum illius conjurante, diutissime obsessus, tandemque castello in manus comitisae reddito, an omni Anglia inhoneste depulsus cum paucis transmeavit (Gesta Stephani, éd. K. R. Potter, p. 77).

[91Herveus comes Leonie, miles strenuissimus, qui in Anglia et in aliis locis multa bella preclara gesserat, undeque monoculus factus erat, nous dit Guillaume le Breton (Gesta Philippi Augusti..., t. 1, p. 178).

[92Voir supra n. 51.

[93H. Guillotel, « Les vicomtes de Léon sont-ils les fondateurs de l’abbaye de Saint-Mathieu ? », dans Saint-Mathieu de Fine-Terre. Actes du colloque 23-24 septembre 1994, s.l. [Plougonvelin], 1995, n. 22 p. 137. — Une filiation naturelle est en outre plus compatible avec un terminus a quo pour la date de naissance de cette fille d’Etienne fixé vers 1115 et un autre fixé vers 1130 pour les dates de naissance des enfants issus de son mariage avec le comte Hervé.

[94Hamon était, on l’a vu, évêque de Saint-Pol-de-Léon ; l’autre est qualifié abbé dans la seule charte (entre 1149 et 1157) qui le mentionne et sous la seule initiale de son nom E : Cf. Dom H. Morice, Mémoires pour servir de preuves à l’histoire... de Bretagne, t. 1, col. 621 ; J. Levron, dans Mémoires de la Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, t. 10 (1929), p. 87. — H. Guillotel, « Les vicomtes de Léon aux XIe et XIIe siècles », p. 30-31 et n. 7, croit reconnaître dans ce E. scilicet abbati l’abbé de Landévennec Elimarius cité en 1142, opinion que ne partage pas dom M. Simon, « les abbés de Landévennec », dans Chronique de Landévennec, n°70, avril 1992, p. 52. D’ailleurs cette date de 1142 est trop haute pour concerner le fils du comte Hervé et nous croyons pour notre part qu’il peut s’agir d’un abbé de Saint-Mathieu-de-Fineterre antérieur à Perenesius, cité en 1157. Un Eudo, abbas Sti Mathei et un Evenus, abbas Sancti Mathei dont les noms correspondent à l’initiale rapportée dans la charte dont il est question, figurent sans autre précision au nécrologe de Landévennec, éd. Deuffic, respectivement p. 5 (notice n°44), et p. 7 (notice n°109).

[95Dom H. Morice, Mémoires pour servir de preuves à l’histoire... de Bretagne, t. 1, col. 626.

[96Voir supra n. 59.

[97Hamon est ainsi le témoin, en même temps que l’évêque de Cornouaille Geoffroy, de la donation faite en 1170 à l’abbaye du Mont-Saint-Michel par le duc Conan du domaine de Treveruer (Dom H. Morice, Mémoires pour servir de preuves à l’histoire... de Bretagne, t. 1, col. 662). Ce prieuré de Treveruer était situé dans la paroisse cornouaillaise d’Elliant. — En outre la charte du 10 juillet 1157 (Dom H. Morice, Mémoires pour servir de preuves à l’histoire... de Bretagne, t. 1, col. 629), relative à l’abbaye Saint-Mathieu-de-Fineterre et qui rapporte la donation faite par le comte Hervé, est passée par Hamo, Dei gratia Leonensis humilis minister, sans autre motif apparent que la vraisemblable capacité du prélat à pouvoir instrumenter en son nom des actes officiels.

[98Dépendaient de Ploudiry sous l’Ancien Régime les trèves de La Martyre, La Roche-Maurice, Pencran, Pont-Christ (aujourd’hui en la commune de La Roche-Maurice), Loc-Eguiner et Saint-Julien de Landerneau.

[99Plougastel englobait vraisemblablement Loperhet, ainsi que Dirinon et ses trèves de Saint-Urbain et Trévarn (aujourd’hui en Saint-Urbain).

[100Le rattachement au diocèse de Léon de ces trois « quartiers » de la paroisse d’Irvillac a entraîné la création d’une nouvelle paroisse, Le Tréhou, dont dépendaient sous l’Ancien Régime les trèves de Tréveur (aujourd’hui en Le Tréhou) et de Tréflévénez.

[101B. Tanguy, « Les paroisses bretonnes primitives », dans Histoire de la paroisse, s. l. [Angers], s. d., (Publications du Centre de recherche d’histoire religieuse et d’histoire des idées, 11), p. 25 et surtout carte p. 26.

[102A l’époque où l’hagiographe mélarien écrit la première *vita du petit martyr, et surtout l’appendix qui contient le récit de la réunion miraculeuse des reliques du saint, la montagne d’Arrée, théâtre de ce miracle, est localisée avec une certaine précision aux confins de la Domnonée — en l’occurrence du Léon — et de la Cornouaille (in montem Aray, qui est in confinio utriusque consulatus). Le lieu-dit Croaz Melar, « la croix de Melar », en l’actuelle commune de Commana, à quelque centaines de mètres au nord du gué qui permettait jadis le passage de l’Élorn, marque vraisemblablement l’endroit où les Domnonéens avaient déposé leurs reliques du saint, à la frontière de leur consulatus, et nécessairement quelque peu en deçà de cette limite, laquelle ne peut donc avoir été que le cours de l’Élorn ; *Tremelar, au sud de l’Élorn, devait quant à lui englober dans son territoire l’endroit où les Cornouaillais avaient déposé la relique mélarienne qu’ils détenaient. Ainsi, ou bien c’est l’époque de composition de la *vita de saint Melar, probablement entre 1066 et 1084, qui conforte la datation basse de l’expansion du Léon en Cornouaille ; ou bien c’est la date tardive de cette annexion léonarde, sans doute après 1163, qui conforte une date de composition antérieure pour la biographie du petit martyr — mais dans un cas comme dans l’autre les deux propositions sont liées.